German ARCE ROSS. Paris, le 20 juillet 2019
Référence bibliographique (toute reproduction partielle, ou citation, doit être accompagnée des mentions suivantes) : ARCE ROSS, German, « Une psychopathologie du viol dans la dénonciation contre Neymar ? », Nouvelle psychopathologie et psychanalyse. PsychanalyseVideoBlog.com, Paris, 2019
Najila S., de 26 ans, née à l’Etat de Bahia et habitant à São Paulo, se présentant comme mannequin et actrice mais sans être connue du public, affirme avoir été agressée et violée par Neymar, de 27 ans, brésilien de São Paulo, l’un des meilleurs joueurs de football du monde.
Au début de ce fait divers, je me demandais si c’était une tristement banale affaire de mœurs contre les femmes, relevant uniquement de la justice, ou s’il appartenait plutôt au champ de la psychocriminologie et donc de la psychopathologie. Plus précisément, mon observation n’a pas le but de jouer le rôle d’une expertise judiciaire, mais simplement de tenter de répondre à la question de savoir si le présent cas relève d’une éventuelle dénonciation calomnieuse comme expression d’une personnalité pathologique. Autrement dit, selon les informations véhiculées par la presse à ce jour, Neymar a-t-il été victime d’une psychopathologie du viol qui aurait poussée Najila à commettre une dénonciation calomnieuse ?
Vu les traits de personnalité de la plaignante et de son histoire de vie, qu’est-ce que la psychanalyse pourrait dire pour approfondir l’éventuelle approche psychocriminologique du cas ? Plus en avant, qu’est-ce que l’analyse de cette affaire peut apporter à nos connaissances sur la psychopathologie du viol aussi bien que sur les dénonciations calomnieuses faites contre les hommes par des femmes déséquilibrées aujourd’hui ?
A psychopathology of rape in the accusation against Neymar?
Najila S., 26 years old, born in the state of Bahia and living in São Paulo, posing as a model and working as an actress but without being known to the public, claims to have been assaulted and raped by Neymar, 27 years old, Brazilian of São Paulo, one of the best football players in the world.
At the beginning, I wondered if it was a unfortunately trivial matter of morals against women, falling solely to justice, or if it belonged rather to the field of psychocriminology and therefore of psychopathology. More specifically, my observation is not intended to serve as a judicial expert’s report, but simply to attempt to answer the question of whether the present case is a possible slanderous accusation as an expression of a pathological personality. In other words, according to the information conveyed by the press to date, has Neymar been the victim of a psychopathology of rape that would have pushed Najila to commit slanderous accusation?
Given the personality traits of the complainant and her life history, what could psychoanalysis say to deepen the possible psychocriminological approach of the case? More to the fore, what does the analysis of this case bring to our knowledge of the psychopathology of rape as well as the slanderous accusation made against men by unbalanced women today?
Uma psicopatologia do estupro na denúncia contra Neymar?
Najila S., 26, natural da Bahia e residente em São Paulo, se apresentando como modelo e atriz mas sem ser conhecida do público, alega ter sido agredida e estuprada por Neymar, 27 anos, de São Paulo, um dos melhores jogadores de futebol do mundo.
No começo desse fato, eu me perguntava se era um assunto tristement banal de crime contra a mulher, caindo apenas no âmbito da justiça, ou se pertencia ao campo da psicocriminologia e, portanto, da psicopatologia. Mais especificamente, a minha observação não pretende servir como um relatório de peritagem judicial, mas simplesmente tentar responder à questão de se o presente caso é uma possível denúncia caluniosa como expressão de uma personalidade patológica. Em outras palavras, de acordo com as informações transmitidas pela imprensa até hoje, Neymar foi vítima de uma psicopatologia de estupro que teria levado Najila a cometer uma denúncia caluniosa?
Dados os traços de personalidade da denunciante e sua história de vida, o que a psicanálise poderia dizer para aprofundar a possível abordagem psicocriminológica do caso? O que a análise deste caso traz ao nosso conhecimento da psicopatologia do estupro, bem como das denúncias caluniosas feitas contra homens por mulheres desequilibradas hoje em dia?
¿Una psicopatología de la violación en la denuncia contra Neymar?
Najila S., de 26 años, nacida en el estado de Bahía y residente en São Paulo, presentándose como modelo y actriz pero sin ser conocida por el público, afirma haber sido agredida y violada por Neymar, de 27 años, brasileño de São Paulo, uno de los mejores futbolistas del mundo.
Al comienzo de este hecho, me preguntaba si era sólo un caso desafortunadamente banal de criminal contra la mujer, cayendo únicamente en el marco de la justicia, o si pertenecía más bien al campo de la psicocriminología y, por lo tanto, de la psicopatología. Más específicamente, mi observación no pretende servir como informe de un peritaje judicial, sino simplemente intentar responder a la pregunta de si el presente caso es una posible denuncia calumniosa como expresión de una personalidad patológica. En otras palabras, según la información transmitida por la prensa hasta la fecha, ¿ha sido Neymar víctima de una psicopatología de la violación que hubiera empujado a Najila a cometer denuncias difamatorias?
Dados los rasgos de personalidad de la autora y su historia de vida, ¿qué podría decir el psicoanálisis para profundizar el posible enfoque psicocriminológico del caso? Más concretemente, ¿qué aporta el análisis de este caso a nuestro conocimiento de la psicopatología de la violación, así como a las denuncias difamatorias hechas contra hombres por parte de mujeres desequilibradas hoy en día?
Psychopathologie du viol
La Sexualité ne peut jamais être libre
Nous vivons dans une époque hautement inhumaine et pathétiquement contradictoire. L’homme du XXIème siècle refuse d’accepter que la sexualité ne puisse pas être libre. Une grande partie de ces hommes et de ces femmes bimilléniaux revendique l’impossible association entre sexualité et liberté avec des discours saturés d’idéologie et d’aigreur.
L’être humain de notre époque vit un profond désarroi et un inavouable ressentiment concernant sa condition intime. Il valorise la pornographie en la confondant avec la sexualité et, plus grave encore, il confond l’échangisme, la pornographie, l’hypersexualité, les actes indignes et pervers, la violence paraphile, avec ce qui devrait, selon lui, être une sexualité libre. Ce faisant, il se cogne toutefois contre l’impossible du réel. Car, si l’être désirant n’est pas libre d’éviter les soubassements et les conséquences parfois inattendues du lien sexué, la sexualité elle-même ne peut pas non plus être vécue librement du fait des passions parfois extrêmes qu’elle peut mobiliser.
Le vécu de la sexualité n’est ni un acte fortuit ni un état indépendant de projections, d’identifications, d’attachements ou d’évitements. En ce sens, beaucoup d’actes sexuels impliquent, malheureusement de plus en plus, des effets qui nous échappent et qui nous font souffrir. Sinon, dans tout acte sexuel, il peut y avoir engagement supposé ou désengagement implicite, déceptions ou nostalgies, retour des fantômes du passé ou des spectres de l’avenir, hurlements récalcitrants ou demandes taiseuses, refus ou expectatives, comparaisons ou idéalisations, complexes archaïques ou réédités, espoirs inavouables ou angoisses, culpabilités ou inhibitions, formations de compromis ou formations réactionnelles, perplexités ou fuites, rigidités musculaires ou flexibilités cireuses, cauchemars ou endormissements, réveils brutaux ou hainamorations hypnoïdes, ennuis opaques ou orgasmes de souffrance.
C’est dans l’éprouvé d’une jouissance identitaire dominant la civilisation occidentale, terrain si fertile en termes néopsychopathologiques, qu’émergent ce que j’appelle les troubles de civilisation dont les violences du lien sexué. Les premières victimes d’une masculinité en érosion ce sont évidemment les femmes. Malheureusement, la lutte contre les violences faites aux femmes ne réussit pas à endiguer l’épidémie des plaisirs extrêmes du mal, laquelle épidémie court les rues en s’aggravant de luxure et d’un sadisme raffiné. Une surveillance soutenue et de nouveaux interdits viennent tenter malgré tout de limiter les dégâts, mais il semblerait que ces mesures maladroites renforcent paradoxalement la jouissance de la civilisation elle-même. En attendant, il faut absolument défendre les femmes des violences du lien sexué dont elles sont victimes presque quotidiennement. Nous devons être alors très intolérants vis-à-vis des contextes qui permettent les viols et les abus sexuels dont les femmes sont les victimes. Ce combat de civilisation doit passer, en outre, à mon avis, par une abrogation urgente des normes sociétales qui alimentent inconsciemment les violences du lien sexué.
Souffrir d’un viol qu’on n’a jamais subi
Nous savons qu’il existe une véritable psychopathologie du viol et que, dans une première modalité de celle-ci, beaucoup de femmes souffrent effectivement des graves séquelles psychiques qu’un acte sexuel non consenti, avec ou sans violences physiques, peut provoquer.
Cependant, dans une deuxième modalité de la psychopathologie du viol, parfois ces femmes n’ont pas besoin d’un acte de viol avéré pour souffrir de ces troubles. La menace ou le grand risque d’un viol, c’est-à-dire le fait d’avoir été victime d’une tentative ratée, est déjà suffisant pour produire, ou reproduire, les symptômes psychiques appartenant à la psychopathologie du viol.
Une femme victime de viol, victime d’une tentative ratée de viol ou victime d’un abus sexuel violent, peut être psychologiquement anéantie. Elle peut éprouver de l’angoisse dans des situations qui rappellent le contexte traumatique, en fonction évidemment de la valeur traumatique qu’elle lui accorde selon son histoire subjective. Elle peut développer des dysfonctionnements sexuels, des troubles de la conduite alimentaire, des troubles du sommeil, des troubles anxio-dépressifs. Elle peut éprouver un sentiment de culpabilité, comme si l’acte dont elle a été victime, aussi bien que tout nouveau désir sexuel, pouvaient être de sa faute.
Dans quelques cas, notamment lors des viols dans l’enfance, la puberté ou l’adolescence, le sujet victime — homme ou femme — peut, en outre, présenter plus tard des difficultés très importantes dans son orientation sexuelle. Un partie non négligeable des futurs homosexuels trouvent dans le fait d’avoir été l’objet d’un viol, ou d’un abus sexuel intense, les sources ou la cristallisation de leur condition de jouissance (Arce Ross, 2016a).
D’ailleurs, ces deux premiers états psychopathologiques peuvent exister chez la femme victime indépendamment du fait qu’elle ait été violée ou abusée sexuellement par un homme ou par une femme (Garnets & Herek, 1990). Mais, dans tous les cas de viol il y a forcément une problématique plus ou moins grave dans le rapport de la femme avec les hommes. La femme victime peut présenter une répulsion, un grand évitement, comme au contraire une attirance réactionnelle marquée pour des hommes ayant des traits de personnalité qui rappellent le profil supposé de l’agresseur. Parfois, ces deux tendances opposées peuvent coexister chez la femme victime en alternant ou en se mélangeant dans une alliance contradictoire au sujet de l’intimité, de l’érotisme, de l’amour et de la sexualité avec les hommes.
Il y a néanmoins une troisième modalité de la psychopathologie du viol dont souffrent quelques cas minoritaires. Cela se présente lorsqu’une femme n’ayant jamais été effectivement victime d’un viol avéré ni d’une tentative de viol, ni même d’aucun abus sexuel, souffre malgré tout de la psychopathologie du viol. Comment cela peut-il arriver ?
La troisième modalité de la psychopathologie du viol est possible, selon mon point de vue, lorsque dans une famille gravite le spectre d’un viol passé dont la mère par exemple aurait été victime sans en avoir parlé à personne. Un tel secret maternel peut avoir des incidences inconscientes néfastes dans la sexualité de sa fille, sans que celle-ci s’en rende compte. La psychopathologie du viol peut être transmise par les relations très rapprochées entre la mère et la fille et se déclarer lorsque, par exemple, la fille approche ou dépasse l’âge qu’avait la mère lors du viol gardé secret. Mais il peut aussi exister d’autres conjonctures qui favorisent cette transmission pathogène.
Ainsi, la fille, désormais hantée par le spectre inconscient du viol, peut vivre sa sexualité avec les hommes plus ou moins normalement jusqu’au moment où elle rencontre un homme spécial. Il s’agit d’un homme rempli de pouvoir ou de richesse réelle ou supposée, présentant le profil d’une curieuse naïveté, cultivant de bons sentiments, n’ayant de méfiance de quiconque, tout en étant prolifique et efficace dans ses nombreuses conquêtes féminines, et qui peut inconsciemment jouer le rôle de l’agresseur malgré lui. C’est lors de cette rencontre bouleversante que la fille réédite inconsciemment la scène du viol maternel avec la différence que, cette fois-ci, c’est la femme qui deviendra une féroce justicière contre ce qu’elle considère la présence angoissante d’un homme hautement désiré.
Dans d’autres cas, le spectre inconscient de viol ne vient pas de la mère mais de la grand-mère maternelle, de la tante, d’une cousine très proche ou d’une soeur ainée. Un tel spectre de viol appartient à un secret personnel ou familial qui reste actif dans les relations très proches entre mère et fille, ou entre grand-mère et petite fille, ou encore entre soeurs. En tant que spectre assumé, absorbé et incarné, il commencera à hanter les ruines de la sexualité et de l’érotisme de cette femme jusqu’au point où il passera abruptement à la réalité du vécu sous la forme d’un drame, d’un crime ou d’une scène pathétiquement scandaleuse.
Dans ce système, quelqu’un doit s’effondrer. Ou bien, c’est la femme, fausse victime d’un viol qu’elle n’a jamais subi. Ou bien, c’est l’homme, faux agresseur d’un viol qu’il n’a jamais commis.
Notons ici qu’aujourd’hui, même les organigénéticiens et donc les neurologues ou “neuroscientifiques” semblent se ranger à la causalité psychique concernant les traumatismes par transmission en plusieurs générations, circonstance que les psychanalystes connaissons depuis si longtemps. Ainsi, ils semblent se ranger à l’idée qu’un sujet peut souffrir d’un traumatisme qu’il n’a pas subi et ils l’appellent par exemple « traumatisme en héritage » ou « épigénétique ». C’est-à-dire que s’il y a, selon eux, quelques « effets de l’environnement et de la culture sur les mécanismes biologiques », nous pouvons alors déduire que l’on peut hériter non seulement de la biologie mais également de la vie psychique du père et de la mère ou même des générations précédentes (Mansuy, 2016). Ainsi, par exemple, ils disent ce que nous savons déjà depuis si longtemps : « les expériences traumatiques vécues pendant l’enfance peuvent modifier les réponses comportementales et augmenter le risque de psychopathologies tout au long de la vie, non seulement chez les individus exposés, mais aussi chez leurs descendants » (Gapp, Soldado-Magraner, Alvarez-Sánchez, Bohacek, Vernaz, Shu, Franklin, Wolfer, & Mansuy, 2014).
En effet, les psychologues cliniciens, les psychothérapeutes et les psychanalystes, nous connaissons l’absorption de la valeur traumatique lorsqu’un secret de famille réussit à descendre en cascade, de génération en génération, jusqu’à se cristalliser dans le symptôme principal d’un descendant. Évidemment, nous n’avons pas besoin que les néurogénéticiens nous confirment quelque chose que l’on connait très bien et avec laquelle nous travaillons déjà depuis longtemps. Mais, disons, que c’est bienvenu que finalement les neurologues et les généticiens découvrent la lune, car une partie du grand public continue à leur fait plus crédit qu’aux psychologues cliniciens, psychothérapeutes ou psychanalystes concernant les questions psychiques. Ils “découvrent” donc que les traumatismes vécus par les parents ou les grands parents peuvent laisser des traces psychiques et éventuellement des empreintes biologiques transmises de génération en génération. Mais cette dernière question nous semble superflue pour notre travail, dans la mesure où les empreintes biologiques peuvent aussi être modifiées par une psychothérapie d’orientation psychanalytique sans aucune intervention biologique extérieure. Mais l’important est que, vis-à-vis du grand public, cette idée de souffrir d’un traumatisme que l’on n’a pas subi soit largement acceptée.
Être accusé d’un viol qu’on n’a jamais commis
Ensuite, les autres victimes de la féminisation masochiste du masculin et de la masculinisation psychique de quelques femmes ce sont, de préférence, les hommes. La lutte contre les violences faites aux femmes est malheureusement accompagnée d’un attirail idéologique qui la dessert. Il se situe dans l’hypermoralisme panféministe et dans le sadomasochisme de l’idéologie du genre (ou genrisme, selon le terme que je lui consacre depuis des années, cf. Arce Ross, 2016b). Concrètement, cela se traduit par une instrumentalisation pathologique des plaintes pour viol et pour abus sexuels contre les hommes de la part de certaines femmes psychiquement déséquilibrées. C’est-à-dire qu’il s’agit de femmes qui souffrent d’un viol qu’elles n’ont jamais subi.
Elles peuvent manipuler l’opinion publique et la justice par simple déception amoureuse, pour obtenir une réparation narcissique tout en humiliant et en calomniant un homme encore aimé. Elles peuvent aussi s’acharner par vengeance sur un homme les ayant trompées, avec le but de le voir se repentir sous la condamnation d’une autorité sans clémence. Elles peuvent préméditer toute la scène érotique, modifier après-coup le récit d’un acte sexuel en viol et forcer la production de preuves matérielles avec le but d’obtenir des bénéfices sociaux et financiers en faisant condamner un homme riche ou supposé puissant.
En parallèle, un homme peut à sont tour également se trouver inconsciemment enveloppé par l’atmosphère de la psychopathologie du viol, sans être pour autant violeur ou agresseur lui-même. Cette situation apparemment incompréhensible peut exister non pas pour cause de ses éventuels échecs de séduction, mais bien au contraire par son réel succès avec les femmes. Ce succès peut devenir son malheur. En effet, le succès érotique, dû à son charme naturel, à son pouvoir social, à son aura intellectuelle, à ses exploits sportifs, à sa fortune ou à tout cela conjugué, peut très paradoxalement amener un homme à se sentir grisé par de désirs capricieux, suivis d’une recherche de satisfactions presque immédiates. Ces traits de personnalité devront être accompagnés par une sorte de curiosité naïve grandissante à l’égard du plaisir enivrant venant d’une consommation importante de femmes. Pour peu que ces traits de personnalité, ou autres caractères intersubjectifs équivalents, soient donc bien présents, le profil de l’homme que la justicière pathologique tentera de faire punir est ainsi bien efficacement trouvé.
Si, depuis Lacan, on sait très bien qu’à une âme née de la côte d’Adam, on la diffame, « on la dit-femme » (Lacan, 1972-1973), je peux dire, à ma façon, qu’à un homme, à son tour, on le calomnie, on le “qu’à-l’homme-nie”. À un homme extrêmement décevant selon une femme, on le nie dans sa masculinité, au point de le faire plier, au plus bas de l’humiliation en tant que personne et en tant qu’homme, pour se venger et pour, ce faisant, en extraire le peu de jouissance perdue. Dans tous les cas de figure, il s’agit soit de l’accuser sans raison de délits ou de crimes sexuels, soit de le faire s’impliquer dans de troubles tels que les violences du lien sexué.
Au rythme où progressent les perversions sociales du genrisme, que j’appelle également du terme de normes sociétales (Arce Ross, 2016c), on risque de se trouver bientôt avec une culture majoritairement anti-hommes. Cette culture jouissive, désormais existante et bien ancrée dans les mentalités sexidentitaires, développe une idéologie comme celle peut-être par laquelle Najila “qu’à l’homme nie” tout désir masculin pour les femmes. Je m’amuserai, soit dit en passant, lorsque je verrai cette formule de la “qu’à l’homme nie”, que je viens de proposer, dans la plume de quelques autres qui la prendront peut-être à leur compte sans me citer, comme c’est le cas d’ailleurs d’autres formules et concepts originaux que je crée depuis un certain moment déjà et qui ont parfois le même sort.
La “qu’à-l’homme-nie” dont un homme peut être l’objet dépend d’une dit-femme-tion jouant en circuit libre, hors du système des désirs, des satisfactions et des plaisirs avec un homme. La “qu’à-l’homme-nie” dont un homme peut être la victime réelle trouve sa base dans une féminisation extrêmement pathologique des relations à autrui. Cela arrive lorsqu’une femme, identifiée à la victime qu’à l’homme nie la masculinité, finit par perdre toute capacité pour construire une relation de couple stable et équilibrée, même passagère, avec un homme. Celui-ci devient alors dans son imagination à elle un être extrêmement idéalisé mais tragiquement lointain, froid, dur, égoïste, méchant, etc., en un mot, distant, trop distant. Sa distance est déjà, en soi, une violence supposée.
Est-ce que la probable dénonciation calomnieuse pour viol de Najila contre Neymar peut être expliquée par l’un de ces arguments ou par d’autres semblables ? Mais, avant de répondre à ce point, quels seraient les éléments qui font nous poser la question de la dénonciation calomnieuse dans ce cas ?
Le Cas Najila et les violences du lien sexué
Lorsque l’on étudie un cas de psychocriminologie, même en la présence de preuves irréfutables d’un crime, d’autant plus en leur absence, on doit s’intéresser à la personnalité des personnages principaux de l’acte en question. On doit notamment s’appuyer sur un faisceau d’indices qui nous permettent de déduire l’existence de tendances inconscientes, de manœuvres dissimulées, de manipulations implicites ou de répétitions apparemment accidentelles dans la vie d’un sujet. On doit s’intéresser au récit de sa vie qu’il produit lui-même, ainsi qu’aux modes d’action dans la conduite de ses projets et les moyens qu’il met en place pour dépasser les obstacles. On doit chercher les éléments nécessaires pour déduire le fil rouge du désir et de la part de jouissance qui guident, l’un et l’autre, son destin. On doit repérer le symptôme principal qui noue tous les autres ou, au contraire, qui les disperse et les fragmente sans faire noeud stabilisateur.
Concernant la personnalité et le parcours de vie de Najila, dans le contexte du récit et des détails de l’acte incriminé apportés par elle-même, nous avons les éléments suivants.
Plusieurs dettes avant de rencontrer Neymar
La veille du jour où elle est allée présenter sa plainte contre Neymar, Najila a reçu une notification judiciaire d’expulsion de son appartement pour des loyers impayés depuis août 2018 (Alcântara, le 3 juin 2019). En plus des loyers impayés pour lesquels elle est expulsée de son logements en juin 2019, Najila comptabilise également une dette de plusieurs mois vis-à-vis de son école d’art : Escola Panamericana de Artes. Au lieu de rembourser sa dette, Najila a simplement cessé de fréquenter l’école s’embourbant dans un procès toujours en cours (Meireles, le 6 juin 2019). Par ailleurs, on sait aussi qu’elle ne payait pas non plus l’abonnement de sa salle de gym…
C’est-à-dire qu’avant de rencontrer Neymar, Najila se trouvait dans une situation financière très délicate. Elle avait urgemment besoin d’argent. Cela ne veut pas forcément dire que Najila a une motivation strictement financière dans sa démarche contre Neymar. Mais cette situation montre au moins que le contexte actuel de sa vie est instable, non-pragmatique, fragile et désorganisé. Ces constatations nous donnent déjà un aperçu de la personnalité de Najila et du moment très difficile qu’elle traverse lors de sa rencontre avec Neymar.
Rencontre par Instagram, à l’initiative de Najila
C’est Najila qui s’est présentée à Neymar pour la première fois, à travers Instagram. Très vite après, à la demande de Neymar, ils sont passés à WhatsApp où ils sont venus à traiter de questions sexuelles. Neymar lui ayant proposé de payer le voyage et le séjour, elle est venue à Paris pour le rencontrer avec l’objectif avoué par elle-même d’avoir des relations sexuelles avec lui : « j’avais envie de rester avec lui » (HuffPost, 6/6/19). Il est donc évident qu’elle n’était pas seulement consentante jusque là, mais surtout demandeuse. Pour quelle raison ? Une simple pulsion sexuelle qu’elle ne pouvait pas satisfaire directement au Brésil avec un autre homme ou quelque chose d’autre ?
Il faut dire ici aussi que Najila ne se présentait pas d’emblée comme une femme voulant commencer une amitié ou une relation sérieuse avec Neymar. Mais comme une femme ayant surtout un but sexuel et cela sans connaître personnellement l’homme en question. Pourquoi pas. Mais il est donc facile de prévoir quelle place pouvait Neymar réserver à une femme qui se présente d’emblée de cette façon. À savoir qu’elle semblait osciller entre la one-night stand et la rencontre implicitement tarifée, ou son équivalent, tel que la relation avec bénéfices sociaux et indirectement matériels. Cependant, cela ne veut pas forcément dire qu’elle cherchait la relation tarifée, ou équivalent, mais si en toute naïveté elle cherchait une relation amoureuse, elle s’y prenait d’une très mauvaise façon.
Lors de leur première rencontre, apparemment le 15 mai, et devant son refus supposé de continuer l’acte sexuel par manque de préservatifs, Najila déclare que Neymar serait devenu agressif et qu’il aurait malgré tout continué l’acte sexuel avec elle. Cependant, Neymar serait-il suffisamment naïf pour avoir des relations sexuelles avec une inconnue sans préservatifs ? Si on sait que beaucoup d’hommes ne supportent pas les préservatifs, il y a quand-même des conditions préalables pour ne plus retenir cette clause dans la négociation préparant l’échange sexuel.
En plus, Neymar pouvait bien avoir en tête que, telles que les choses se présentaient sur Instagram et WhatsApp, Najila n’allait pas devenir pour autant sa petite copine ni une amie. Difficilement, un homme qui se respecte aurait accepté de prendre pour copine une femme qui se donne aussi facilement d’emblée et sans connaître personnellement l’homme en question. C’est pour cela qu’il a probablement mis suffisamment de distance à cet égard et s’est plutôt concentré, selon les messages échangés, sur les négociations préalables à la rencontre sexuelle. Il a probablement conçu que, volontairement ou involontairement, Najila se présentait elle-même, dès le début, comme une sorte de call-girl de luxe. En tout cas, c’est de cette façon que, sans la connaître, il a pu la percevoir si on s’en tient aux messages échangés par WhatsApp.
Préméditation dans la décision de filmer la rencontre sexuelle à l’insu de Neymar
Najila a filmé une partie des scènes intimes dans la chambre de l’hôtel sans demander la permission à Neymar, comme si elle avait prévu que quelque chose d’anormal pouvait ou allait arriver. Elle voulait, selon elle-même, « prouver » ce qui allait se passer. Or, si on a l’intention de “prouver” ce qui risque de se passer, c’est qu’on a probablement de la préméditation quant à l’événement attendu.
Les jours suivants Najila a continué à discuter avec Neymar malgré tout. Et, dans la deuxième vidéo, enregistrée en cachette par Najila lors du deuxième jour de rencontre, probablement le 16 mai, on voit Neymar détendu et pas du tout en position défensive ou agressive. Il se laisse tomber dans le lit comme un enfant, son portable à la main. Il répond à Najila par une question : “assim como ?”— « c’est-à-dire ? ». On voit qu’elle cherche la bagarre de couple, le poussant à réagir. Mais il reste allongé. Elle s’allonge à moitié sur lui et lui adresse une gifle qu’on entend distinctement dans la vidéo. Il se plaint et lui demande de ne pas le frapper, en lui disant qu’il n’aime pas ça. Elle lui demande aussi de la frapper, mais il persiste à dire qu’il est contre cela.
En revanche, il ne comprend pas très bien ce qu’elle est en train de mettre scène. S’agit-il d’un jeu érotique un peu poussé ou d’autre chose ? Toujours au-dessus de lui, Najila se redresse brusquement et commence à le frapper. Toujours allongé, il se défend doucement en levant ses jambes en sa direction pour amortir ses coups et en lui demandant de ne pas le frapper. En plus des coups, elle lui lance un objet qui semble être une bouteille par le bruit que cela fait en tombant.
À aucun moment, Neymar ne devient agressif. Il conserve son calme. Au contraire, il essaye de la calmer à son tour. Najila hausse le ton et lui reproche de l’avoir agressée et de l’avoir laissée toute seule la veille. Comme si elle s’attendait à la possibilité d’une relation amoureuse avec le joueur, alors que rien dans ses échanges précédents par Whatsapp ne permet de penser que c’est le début d’une véritable histoire d’amour. Mais s’il s’agissait de cela, elle s’est alors trop mal prise. Car elle aurait placé l’amour à l’endroit où, de toute évidence, se profilait une simple aventure sexuelle.
Désir d’avoir la compagnie de Neymar, même après la supposée agression
Lorsqu’il s’agit d’une parole contre une autre, on doit s’intéresser à la personnalité de chacun des deux personnes concernées en commençant surtout par le premier témoignage de celui qui accuse. Comme dans l’analyse des rêves, le premier récit, même incomplet ou défaillant, est le plus important, surtout lorsqu’il est communiqué à chaud.
Or, dans la vidéo que Najila a remis à la police et qui se trouve également en ligne, lorsqu’elle tape sur Neymar elle accompagne son agression d’un reproche lancé apparemment spontanément. Elle lui crie : « hier, tu m’as agressée et tu m’as laissée toute seule ici » (Le Parisien, 6/6/19). Comment concevoir qu’une victime de viol, en plus sans connaître personnellement son agresseur, puisse lui reprocher de l’avoir laissée seule ? Éventuellement, il y des cas où une victime de viol peut encore souhaiter malgré tout la présence ou la compagnie d’un violeur ou d’un agresseur également aimé. Mais ce cas de figure n’arrive que lorsqu’il existe depuis très longtemps dans un couple établi une relation faite d’attachement pathologique, d’excessive interdépendace ou de fusion sadomasochiste. Sauf qu’entre Najila et Neymar il n’y avait pas la place pour tout cela puisqu’ils ne se connaissaient pas.
Violences passionnelles et attaque au couteau de Najila contre son ex-mari
Selon le témoignage de l’ex-mari de Najila, avec qui elle a un fils, ils auraient beaucoup parlé de leur enfant à son retour de Paris. Pourtant, à ce moment-là, elle s’est montrée absolument silencieuse au sujet de ce qui s’était passé à Paris et a seulement dit qu’il fallait qu’il se prépare pour les choses très fortes qu’il allait apprendre dans les jours à venir. Najila semble avoir ainsi une grande capacité pour créer des intrigues et omettre des choses essentielles de sa vie aux personnes les plus proches d’elle.
Étant très agressive dans ses relations avec les hommes, Najila avait frappé son ex-mari avec un couteau lorsqu’ils étaient mariés. En effet, on a retrouvé deux plaintes de 2014, selon lesquelles Najila a poignardé légèrement son ex-mari avec un couteau. Il s’en est sorti avec quelques blessures à la poitrine. Sinon, au mois de mars de la même année, selon une autre plainte déposée par Najila cette fois-ci dans un commissariat de São Paulo, on a un autre aperçu de la violence domestique dans le couple qu’elle formait avec son ex-mari. Ils se frappaient mutuellement de manière fréquente : « “En contact avec l’auteure-victime, elle a informé que les deux avaient discuté et que son compagnon avait indiqué qu’il souhaitait la quitter. Cette demande ayant été acceptée par l’auteur-victime, il ne s’est pas contenté de la réponse et a exigé qu’elle aille dormir dans le salon dans la mesure où c’était lui qui payait le logement et les dépenses de leur vie commune. L’auteure-victime a également signalé que pendant le temps où elle était assise dans le salon, mangeant une pomme à l’aide d’un couteau, il s’est dirigé vers elle la tirant par les bras. À la suite de quoi, il aurait été accidentellement frappé par le couteau, lui produisant des blessures à la poitrine. À ce moment-là, l’auteure-victime a demandé de l’aide par l’intermédiaire du frère de son compagnon, lequel est venu pour le conduire aux urgences de l’Hôpital de Campo Limpo. Il y est resté hospitalisé pour observation, mais le conducteur de la voiture précisa que les blessures que son frère avait subies étaient superficielles » (Wilkson & Torralba, le 6 juin 2019).
Najila semble donc être habituée à un type de relation de couple où priment une interdépendance poussée, le ressentiment, la rancune, la jalousie, la vengeance, les grosses disputes ou l’agression mutuelle dans le but d’alimenter et de renforcer les passions amoureuses. L’impulsivité agressive de Najila contre les hommes qu’elle aime, qu’elle désire ou de qui elle est, ou croit être, aimée ou désirée, se profile petit à petit. Elle semble ne pas pouvoir supporter la rupture, la séparation, l’abandon, la distance ou quelque chose qui rappelle le refus ou le rejet.
Démission de trois avocats défenseurs de Najila en moins de deux semaines
Tout d’abord, le premier avocat de Najila, qui ne croyait pas vraiment à l’efficacité de sa plainte pour viol, a affirmé qu’elle avait changé de version de manière injustifiée entre le moment où ils avaient monté le dossier et le moment où elle a effectivement porté plainte. Selon lui, Najila mentait sur la question du viol. Si Najila avait fait appel à lui pour la défendre d’une supposée agression (une fessée lors de l’acte sexuel), au moment d’établir la plainte, elle a intempestivement ajouté le viol. Du coup, après quelques messages échangés avec elle, où Najila s’est montrée très agressive contre son avocat et contre Neymar, tout en évoquant même un éventuel règlement de comptes qu’elle pourrait faire effectuer sur la personne de Neymar, l’avocat a décidé de se retirer du dossier.
Voici l’argumentation du cabinet d’avocats. « Le cabinet d’avocats engagé par la femme qui accusait Neymar de viol a résilié le contrat avec sa cliente en affirmant qu’elle avait informé les avocats d’avoir été agressée sans mentionner le viol. Selon les allégations de Fernandes et Abreu Advogados, la femme leur aurait déclaré que “la relation avec Neymar Jr. était consensuelle, mais qu’au cours de l’acte il était devenu violent, l’agressant par des tapes appuyées sur ses fesses, ceci demeurant le fait central typique (agression) pour lequel il devrait être tenu responsable civilement et criminellement”. Le bureau a publié le document de résiliation du contrat. “Elle a signalé l’agression et non le viol”, explique l’ancien avocat de Najila […] “par colère ou vengeance, Madame a rapporté, dans la plainte enregistrée le 31/05/2019, des faits décrits en désaccord avec la réalité manifestée à vos Conseils juridiques. C’est-à-dire que Madame s’est rendue au poste de police, déclarant que Vous auriez été victime d’un viol, alors que dans la réalité qui nous a été démontrée et confirmée à plusieurs reprises , Vous auriez été victime d’agression” » (MeioNorte, 6 juin 2019).
Ensuite, la deuxième avocate qui défendait Najila, l’accusatrice de Neymar, s’est également retirée de ce dossier, à peine quelques jours après la démission du premier avocat (O Antagonista, le 6 juin 2019). Curieusement, aucune explication n’a été avancée pour ce désistement alors qu’elle aurait pu l’aider en tant qu’avocate et en tant que femme. Cela veut dire que Najila a dû se procurer un troisième avocat en moins d’une semaine.
Mais le troisième avocat a également renoncé à la défendre. Très agacé par l’attitude de celle-ci, il lui a donné un ultimatum pour que sa cliente lui remette la tablette où se trouverait une vidéo de 7 minutes qu’elle aurait, selon elle, enregistré à l’insu de Neymar et qui prouverait le viol. Cependant, « la rupture s’est finalement produite lors d’une réunion dans la soirée de lundi au cours de laquelle Najila Trindade, la victime présumée, a accusé son avocat Danilo Garcia de Andrade d’avoir participé au cambriolage de son appartement pour s’emparer de la fameuse tablette. “Elle m’accuse en prétendant que la géolocalisation de son appareil pointe dans mes bureaux, s’est insurgé l’avocat. Ma cliente a une posture totalement contraire à l’éthique, au bon sens et à la vérité… J’adorerais avoir cette tablette, je pourrais ainsi la remettre à la police afin de l’utiliser à renforcer sa condition de victime… Mais je renonce, car la relation entre un avocat et sa cliente est basée sur la confiance et, dans ce cas, je n’ai plus confiance. J’espère que la vérité sera établie” » (Frosio, 11/6/19).
Disparition de la tablette comportant la preuve du viol
Najila a déclaré à la police, le vendredi 7 juin, qu’elle n’avait plus la vidéo complète pour prouver le viol. Selon elle, sa tablette, où se trouvait la vidéo complète, aurait été volée deux jours auparavant chez elle (Veja, le 7 juin 2019). Et, évidemment !, elle n’a pas pensé à sauvegarder la vidéo sur aucun autre support…
La police est donc allée chez elle pour essayer de trouver les traces des voleurs. Mais elle n’a trouvé que les empreintes digitales de Najila et de la femme de ménage. Il n’y a aucune trace de voleurs potentiels. En plus, « aujourd’hui, ESPN a entendu Verena Fiori, propriétaire de l’appartement loué par Najila, et elle a nié que l’immeuble ait été cambriolé mercredi soir — information révélée par Yasmin. “A propos du cambriolage de l’immeuble, il s’agit d’un mensonge. La femme de ménage a délibérément laissé la porte ouverte et les caméras de sécurité de l’immeuble l’ont tout enregistré”, a déclaré Verenan » (OAntagonista, le 6 juin 2019). Enfin, Najila a accusé également son ex-mari d’avoir volé la tablette. Mais celui-ci dit qu’il est venu chez elle seulement pour récupérer la tablette de son fils tout en affirmant que Najila souffre d’une « manie de persécution » (Globo News, 12/6/19).
Plainte du gardien de l’immeuble et de la police contre Najila
Najila a aussi menacé le gardien de son immeuble parce que celui-ci a déclaré que la seule personne à être rentrée dans l’appartement de Najila, le jour du supposé vol, c’était la femme de ménage. Cela voudrait dire que le cambriolage de l’appartement de Najila n’aurait jamais eu lieu. En conséquence et pour se défendre de cette accusation injustifiée, celui-ci a porté plainte contre Najila (N&R, 11/6/19).
Même la police de São Paulo a porté plainte contre Najila après qu’elle ait affirmé : « la police est-elle achetée ? Ou suis-je folle ? ». En effet, « la police civile de l’Etat de São Paulo a très peu apprécié les propos de l’accusatrice de Neymar à son encontre et a annoncé avoir déposé plainte contre elle pour calomnie » (WP, 13/6/19). Ayant probablement un minimum de conscience que, si d’aventure, la police de São Paulo n’était pas fautive dans cette affaire, c’est elle qui serait vraiment folle, l’intime conviction sur son propre état psychique l’a malheureusement poussée à se voir encore une fois attaquée en justice. Cette fois-ci par la propre police !
Fraude procédurale concernant l’examen médical
Lorsque Najila a évoqué le viol supposé, elle a développé un récit très succinct et mis beaucoup plus l’accent sur les agressions, sans trop préciser ni le motif ni la description précise de ces actes. Ce qui reste à la fin comme impression c’est qu’il y aurait eu seulement une fessée érotique un peu trop appuyée (Domingo Espetacular, 9/6/19). Et on peut se demander si ce n’était pas à sa demande expresse pour, dans le cadre d’une future dénonciation calomnieuse, affirmer et étoffer la mise-en-scène.
En tout cas, l’examen médical que Najila a demandé en rentrant de Paris a été fait par un gastro-entérologue, le 21 mai ((Domingo Espetacular, 9/6/19 ; Junior, 27/6/19). Cette consultation est intervenue notamment pour des problèmes gastriques et du sentiment de stress, qui peuvent d’ailleurs être l’effet du jet lag après son séjour à Paris. Ils ne sont pas forcément les signes d’un viol. En outre, Najila a illégalement ajouté au rapport du médecin qu’elle a rendu à la police deux photos de ses fesses prises à sa demande par Neymar. Elles montrent des traces rouges produites par la fessée érotique que Neymar dit avoir été demandée par Najila. Notons ici que les photos en question non seulement ne prouvent en rien la réalité du viol, mais en plus elles constituent plutôt une fraude procédurale. La fraude procédurale est un délit prévu dans l’article 347 du Code Penal du Brésil et Najila devra probablement répondre pour son attitude.
Par ailleurs, Najila a curieusement omis d’ajouter les résultats de l’examen opéré par son gynécologue, André Malavasi, qu’elle aurait consulté seulement une semaine après son retour de Paris. Il est également pour le moins étrange que Najila n’ait pas autorisé son gynécologue « de révéler les détails du rendez-vous médical pris après son retour de France » (Junior, 27/6/19). Normalement, un examen gynécologique après un viol est une pièce très importante pour prouver un crime sexuel. Or, beaucoup d’observateurs pensent que si elle a omis d’apporter ces preuves gynécologiques, c’est qu’elles n’existent probablement pas.
De quelle vérité Najila serait-elle ou le support ou l’horreur pour Neymar ?
La Probable personnalité de Najila
Grâce aux éléments que nous venons de citer, on peut avoir la nette impression qu’indépendamment de la rencontre avec Neymar, Najila couve des raisons suffisantes pour qu’éclatent dans ses relations intimes les violences du lien sexué. Il y a des femmes qui malheureusement peuvent être guidées par cela. L’homme est probablement pour Najila le problème le plus important de sa vie. On le visualise dans les relations avec son ex-mari. On croit aussi le percevoir dans ses réactions suspicieuses et violentes contre ses avocats, contre les policiers, contre le gardien de son immeuble. Une profonde et archaïque haine du masculin semble cohabiter de façon conflictuelle avec son amour sexualisé pour les hommes.
Il semblerait qu’elle a un rapport très particulier à son propre corps. On a l’impression qu’elle le met en avant au détriment du discours. Cependant, ce n’est pas tant le désir corporel qui guiderait ces rapports mais plutôt la jouissance du corps. Pour travailler un minimum, elle a choisi de chercher à devenir actrice et mannequin. Son corps, si fin, est travaillé par des régimes alimentaires très exigeants, frôlant l’anorexie. Son corps apparaît aussi, logiquement, comme l’objet d’une sexualisation importante au détriment probablement de l’amour. Mais, paradoxalement, il semble être aussi le terrain qu’elle choisit pour s’identifier à la victime. Si violences il y a, c’est son corps qui les reçoit de par son propre choix de vie.
Un autre élément de sa personnalité est son terrible manque de pragmatisme. En effet, Najila fait preuve d’apragmatisme, dans le sens où la psychiatrie classique a défini ce terme, notamment lorsqu’elle ne s’occupe pas de manière responsable de son argent et de payer ses factures. L’apragmatisme est également visible, de manière pathétique, dans sa démarche juridique contre celui qu’elle considère comme un agresseur sexuel. Au fur et à mesure que l’enquête avance, les journalistes et probablement les enquêteurs aussi voient, avec étonnement, le manque de réalisme et de pragmatisme dont fait preuve Najila. Depuis sa plainte contre Neymar, une plainte très grave qui peut détruire une vie si on accuse un innocent, elle agit de façon inconséquente, comme si le monde pouvait tourner en fonction de sa simple parole. Son apragmatisme va jusqu’à commettre des actes qui la desservent et qui donnent des arguments solides à la défense de Neymar. On peut se demander de façon légitime si Najila se rend vraiment compte que son attitude générale peut la conduire à avoir des sérieux problèmes avec la justice. Autrement dit, on peut supposer que Najila s’est construit une autre réalité qu’elle essaie de superposer à la réalité sociale et à la réalité des faits entre elle et Neymar. Évidemment, la question qui se pose derrière tout cela est : pourquoi ?
Si quelque chose de l’ordre de l’homme dans l’amour absolu semble poser problème pour Najila, c’est probablement parce qu’elle donne l’impression d’éprouver des angoisses passionnelles importantes. Nous pensons noter quelque chose qui ressemble à des angoisses d’abandon, de rejet et de perte, couplées à des angoisses d’intrusion, de trahison, de tromperie voire de préjudice amoureux. Est-ce pour cela qu’il y a une constante de la jalousie extrême dans ses propos sur ses relations aux hommes ?
Dans ces angoisses, d’un côté, un homme la délaisse, l’abandonne, la laisse seule et, d’un autre côté, le même homme lui fait du mal, lui joue un mauvais tour, lui procure un préjudice. Soit il s’en va, soit il la trompe mais, dans tous les cas, elle est la victime d’un Autre masculin.
Une ébauche de la personnalité de Neymar
Concernant la personnalité de Neymar, nous pouvons faire un rapide survol sur les quelques éléments à disposition de manière publique. Par là, on peut se rendre compte que presque tous les témoignages des gens, hommes et femmes, qui connaissent Neymar sont très laudatifs à son égard.
Plusieurs anciens entraîneurs qui l’ont côtoyé pendant des années ont une excellente opinion du jeune Neymar et de son parcours. Par exemple, Antonio Lima Dos Santos, ancien entraîneur de Neymar au club Santos, affirme que « c’est très difficile de croire à ce scandale à cause de la très bonne éducation reçue dans sa famille » laquelle il connaît très bien. Il considère même « impossible » que Neymar ait pu faire une chose pareille. Pour sa part, Darlan Santana, son premier entraîneur, dit que « Neymar a un mental très bien. Il sait affronter les problèmes et je suis sûr qu’il va surmonter ce dernier problème » (Domingo Espetacular, 9/6/19).
Cependant, un ancien entraîneur brésilien, René Simões, avait dit en 2010 qu’ils étaient en train de convertir Neymar en un petit monstre. Il ne voulait pas dire monstre dans le sens de “criminel” évidemment, mais plutôt dans le sens où, selon lui, Neymar n’était pas très discipliné, au moins en termes sportifs. René Simões avait dit à l’époque : « tout en collectionnant les bons matchs et superbes buts, Neymar accumule également les polémiques et les aversions. Entre confusions sur le terrain et même sur Internet, l’attaquant du Santos […] lors de la victoire sur l’Atlético-GO, par 4 à 2, le joueur l’aurait offensé. L’entraîneur de l’Atlético-GO, René Simões, a déploré les agissements du jeune homme, l’a exhorté à rester poli et a déclaré qu’un “monstre” pourrait être créé. “Ce que ce jeune homme a fait est inacceptable. Quelque chose doit être fait, Neymar doit être éduqué bientôt. Sinon, il va devenir un monstre” » (Simões, 15/9/19).
Dans cet épisode, ayant eu lieu lorsque Neymar avait à peine 18 ans, tout ce que l’on peut lui reprocher c’est d’être rentré dans une dispute verbale avec l’entraîneur rival et l’avoir insulté. Ce n’est pas vraiment grave, même si cela montre un manque de maturité et beaucoup de naïveté de la part de Neymar à cette époque-là. C’est pour cela qu’en 2019, lors du scandale avec Najila, René Simões est revenu sur ses propos d’il y a dix ans selon lesquels Neymar pouvait devenir un “monstre”.
Maintenant il tient à préciser qu’il voulait dire que lorsqu’un jeune encore immature gagne trop d’argent un peu trop vite et trop facilement, possède trop de pouvoir et trop de réussite sociale risque de devenir un personnage narcissique et se croire au-dessus de toute autorité, ce qui peut être monstrueux. Et il ajoute que si Neymar oublie un peu les excès en dehors des terrains de foot et qu’il se concentre sur son travail, il surmontera facilement tous ces problèmes (Domingo Espetacular, 9/6/19).
Quelques femmes qui connaissent bien Neymar se sont également manifestées pour le défendre sans tergiversations. Prenons trois témoignages.
Ayant rencontré Neymar à travers quelques contacts en commun, Liza Brito, une jeune brésilienne, habituée des rencontres sporadiques avec des joueurs professionnels, raconte avoir également couché avec lui. Elle affirme ne pas avoir reçu de billets d’avion ni d’aide pour son séjour à Paris de la part de Neymar puisque, tout en voulant garder son autonomie, ce n’était pas forcément son rêve de le rencontrer et il se trouve que cela s’est passé de façon naturelle et sympathique. Ainsi, elle donne un témoignage très positif sur lui et sur son comportement dans l’intimité. « Je ne suis pas allée à Paris dans l’intention de connaître Neymar. Mais je me suis sentie très bien avec lui. Cela a été une relation tout à fait normale entre une femme et un homme. Ce n’était pas un désir ou un rêve pour moi. C’est juste arrivé. Je pourrais revoir Neymar, car on s’est bien entendu. Je pense que cette histoire de viol n’a rien à voir avec lui. Il m’a beaucoup respectée et je pense qu’il ne ferait jamais une telle chose. Je crois en lui » (Rede TV, 11/6/19).
Ensuite, une autre jeune brésilienne, Ellen Santana, « Miss Bumbum » (“Miss Fesses”), est entré en contact Neymar par l’intermédiaire de quelques amis et notamment par Facebook. Ayant rapidement couché avec lui, elle a donné un témoignage extrêmement positif sur Neymar dans le domaine de l’intimité : « il a toujours été si affectueux, si gentil… Je pense qu’il est tombé dans un traquenard. Elle a tenté de profiter de la situation… » (Rede TV, 4/6/19).
Enfin, il y a le témoignage d’une call girl brésilienne, Jacqueline Mercedes, qui a rencontré, par Instagram ou WhatsApp, plusieurs autres joueurs importants évoluant en Europe. Elle reçoit d’habitude un billet aller-retour, un séjour de quelques jours dans un hôtel 5 étoiles et, comme rétribution, des bijoux, des cadeaux de luxe, des accessoires de mode, etc. Dans les meilleurs des cas, lorsque les choses se passent très bien entre la fille et le joueur, celui-ci l’invite à sortir pour aller à des dîners en ville, à des fêtes, etc., et pour la présenter à ses contacts. Sinon, les rencontres se passent strictement à l’hôtel. Cette jeune femme raconte qu’elle a “deux amies” exerçant la même “activité” et qui sont parties déjà du Brésil vers Paris pour rencontrer Neymar selon cette même procédure. Elle affirme que, selon ces amies, tout s’est très bien passé entre elles et lui (Rede TV, 26/6/19).
Comme dans mes textes précédents sur le football brésilien (Arce Ross, 2014) et sur la politique brésilienne (Arce Ross, 2018), dans celui-ci il est aussi des questions politiques, idéologiques et surtout identitaires qui intéressent la psychanalyse. Ces thèmes intéressent la psychanalyse en ce sens que ce sont des questions éminemment macropsychiques, par lesquelles ce que je situe comme les actuels troubles de civilisation se manifeste de manière aiguë.
Politisation d’une vérité identitaire
Le 20 janvier 1971, Lacan avait parlé des relations entre hommes et femmes pour rejeter l’idéologie du genre qui pointait déjà à l’époque. À ce propos, il avait dit qu’une femme représente « l’heure de vérité » pour un homme, c’est-à-dire qu’elle représente pour un homme le « support » et, en même temps, « l’horreur» de sa vérité (Lacan, S. XVIII, pp. 34-35). Laquelle ? Celle de « la distance » par rapport au réel de la jouissance où se trouve l’homme par rapport à la femme. Ainsi, s’il postule que « la femme soit la vérité de l’homme », il faudrait alors « pour avoir la vérité d’un homme, […] savoir quelle est sa femme » (Lacan, S. XVIII, p. 35). Ou ses femmes…
Même si Najila n’est pas la femme de Neymar, il se trouve que, par ce scandale planétaire, Neymar est devenu, tout d’un coup et pour un temps, un effet indissociable de la vérité de Najila et de sa dénonciation. Évidemment, cela ne veut pas dire qu’il faut croire Najila sur parole. Mais à partir de ce qu’elle présente au monde de manière brouillonne, apragmatique et contre-productive, on peut parler au minimum de l’empêtrement dans lequel s’est trouvé Neymar par naïveté concernant ses propres rapports à la sexualité.
La preuve est qu’en plus de l’accusation de viol, il lui est également reproché d’avoir publié des messages privés et des photos de Najila sur les réseaux sociaux. Cependant, un avocat spécialiste pour les questions de diffusion illégale de messages et photos sur internet, tient à montrer que le fait de publier les messages anonymes et les photos floutées par WhatsApp, dans le cas précis de Neymar, n’est pas en soi un crime ou un délit. La raison est que c’est bien Najila elle-même qui a rendu publique un matériel bien plus sensible en postant une vidéo produite à l’insu de Neymar. Alors, si celui-ci a publié les messages anonymes et les photos floutées c’était pour tenter de préserver sa réputation et donner des preuves anticipées au scandale annoncé. En outre, il n’y a pas de nudité ni d’images pornographiques, car les images de Najila sont floutées concernant ses parties intimes. Quant aux messages, il a tout à fait le droit de les publier en cachant le nom de Najila, dans la mesure où il n’a pas intercepté ces messages et qu’il a bien été le destinataire (Aqui na Band, 3/6/19).
En outre, pour démonter l’impressionnante attaque de Najila, Neymar a choisi comme avocat principal — de son équipe de conseil juridique composé de deux autres grands criminalistes —, Maíra Fernandes, une femme ayant un parcours excellent.
Étant militante pour la défense des droits des femmes (Domingo Espetacular, 16/6/19), elle a été largement critiquée par des organisations féministes pour avoir accepté ce dossier, comme si la question devait prendre une tournure politique ou sociétale. Et, à la suite de ces critiques, Maíra Fernandes a finalement été expulsée de cette association féministe, le CLADEM, ou Comité d’Amérique latine et du Caraïbes pour la défense des droits des femmes (Oliveira, 7/6/19 ; ). C’est-à-dire que pour cette organisation, Neymar n’aurait pas le droit d’être défendu. Il serait déjà coupable parce que c’est une femme auto-proclamée victime qui le dit. Autrement dit, cette organisation féministe a d’emblée condamné Neymar tout simplement parce qu’il s’agit d’un homme, un homme accusé par une femme. C’est maintenant le sexe auquel on appartient qui déterminerait si on peut être coupable ou innocent ?
En réponse à cela, Maíra Fernandes s’est défendue en affirmant qu’il y a suffisamment des raisons pour déduire qu’il peut s’agir d’une dénonciation calomnieuse. Elle ajoute explicitement qu’elle se sent à l’aise de défendre Neymar dans la mesure où une « accusation criminelle injuste peut détruire la vie d’une personne » (Morning Show, 7/6/19). C’est aussi pour cette raison que d’autres avocats importants sont venus au secours de Maíra Fernandes (Morning Show, 7/6/19).
Par un début de politisation de cette affaire, on a pu s’apercevoir que la vérité subjective de Najila pouvait être aussi une vérité identitaire. C’est-à-dire, une vérité à laquelle quelques femmes victimes peuvent s’identifier et produire ainsi une condamnation anticipée d’un homme tout en sacralisant la parole des femmes. Nous savons que ceci constitue un biais macropsychique indéniable et c’est vraiment dommage que la question des violences du lien sexué devienne politisée à ce point. Bien au contraire, la lutte contre les violences du lien sexué devrait prendre toujours en considération les possibles abus, les dénonciations calomnieuses, qui peuvent commettre quelques pseudo-victimes contre des hommes qui n’ont jamais commis d’abus sexuels.
Nous savons qu’après que sa rupture avec Bruna Marquezine, une très jeune actrice et mannequin très connue au Brésil, Neymar a collectionné les déboires non seulement en termes professionnels mais aussi dans ses relations amoureuses ou intimes. Mais la cause de cette énième rupture est-elle d’ordre politique politique ou idéologique ?
À ce propos, en plein mouvement national lors de l’élection de Jair Bolsonaro, l’actrice de 23 ans a tenu à faire taire les rumeurs qui disent que leur séparation serait due à des divergences politiques. Ceci part de la position politique de Bruna Marquezine complètement contraire à la politique préconisée par Jair Bolsonaro, ce qu’elle ne cessait de le dire en public. « L’actrice Bruna Marquezine a de nouveau exprimé son opposition à la candidature de Jair Bolsonaro (PSL) lors d’une conversation avec les journalistes. À ce moment-là, l’actrice a aussi évoqué la possibilité de mettre fin à sa relation avec Neymar » (Catraca Livre, 23/10/18a).
Mais, pour nier ces arguments, elle a affirmé ainsi : « je voulais que cela soit clair parce que nous vivons un moment très critique, très dangereux, très odieux, dans lequel les gens ne parviennent pas à se parler et à s’aimer, et je veux que ce soit clair, ce n’est pas pour cela : c’est une décision de sa part, mais il y a beaucoup d’amour et de respect, tout va bien » (Lentz, 19/10/18). C’est-à-dire que certains affirment qu’il y a bien une autre cause de la rupture, laquelle cause d’ailleurs n’exclurait pas celle politique et, au contrairen, viendrait la renforcer. « Selon [une autre] publication, ce serait la deuxième fois que Marquezine a dit non à une demande en mariage de Neymar en moins de deux ans. Elle affirme que parce qu’elle a 23 ans, elle est trop jeune pour se marier et avoir des enfants. C’est alors que Neymar lui aurait lancé un ultimatum : soit ils se marieraient, soit il reviendrait célibataire. Après de longues discussions, les deux ont décidé de se séparer et ont confirmé la séparation il y a une semaine » (Catraca Livre, 23/10/18b).
Est-ce qu’il faudrait comprendre que la relation avec Bruna Marquezine marque une relative instabilité affective de Neymar dans ses relations amoureuses ? Ceci dans la mesure il s’agit de la quatrième rupture de ce couple qui s’est formé en 2013 et dont la relation a donc duré près de cinq ans. Cependant, très probablement, même si Bruna Marquezine tient à le nier, leur dernière rupture répond en grande mesure à des questions politiques et idéologiques. En ce sens que Neymar est politiquement assez proche du Président Jair Bolsonaro, alors que Bruna Marquezine affiche des positions idéologiques d’une tonalité féministe et anti-Bolsonaro.
Ce n’était peut-être pas une bonne idée que Neymar ait décidé de quitter Bruna Marquezine parce que, même si elle est féministe et anti-Bolsonaro, elle semble être une personne malgré tout centrée et accueillante qui, par l’affect, réussissait à canaliser les énergies parfois capricieuses du joueur. Après cette dernière rupture, au lieu de chercher à créer une relation de couple stable ou des aventures amoureuses avec des femmes plus équilibrées, des expériences intimes qui au moins le poussent vers le haut, Neymar se serait laissé aller à multiplier les rencontres tarifées, ou pseudo-tarifées, avec des femmes qu’il connaissait à peine.
La Haine du masculin dans la passion érotomane
Lors de ses échanges préalables à la rencontre avec Najila, Neymar lui avait rétorqué : « je ressens déjà la nostalgie (saudades) de ce qui n’est pas encore arrivé entre nous ». En portugais, cela donne : « saudades do que a gente não viveu ainda » (Ever Trends, 3/6/19). Cette phrase est la réponse à un message de Najila où, avant de le rencontrer personnellement, elle lui lance : « Bonne nuit à toi, raison de mes rêves érotiques ». Il a formulé cette phrase, si bien dite à ce moment-là, comme s’il voulait marquer bien son rapport à une nostalgie projetée à l’avenir, comme s’il savait parfaitement que leur relation n’allait pas durer plus que le court séjour de Najila à Paris. Celui-ci est le sens négatif de cette phrase, mais il n’y a pas que cela.
Apparemment, Neymar a su formuler une excellente réplique. Mais, si on considère que Najila peut avoir une position proche de l’érotomanie, cette phrase à double entrée, peut se révéler problématique. Car elle possède aussi un sens positif qui ne serait pas très bienvenu compte tenu de l’élan érotiquement ambitieux de Najila. Elle présuppose donc une rémanence du désir après leur rencontre prévue, comme si Neymar allait tomber vraiment amoureux. Et ceci n’était peut-être pas prévu par lui dans sa rencontre avec Najila.
Dans ces conditions, alors, pourquoi avoir laissé s’épanouir le discours amoureux, ou prétendu tel, initié par Najila ? Évidemment que c’était difficile de percevoir la persécution amoureuse, la relation collante et hyperdépendante du sujet érotomane, dans l’attitude initiale de Najila. Nous savons que, dans le doute, il faut faire attention à ne pas trop laisser s’épanouir ce discours, car la femme en question, devant une déception inévitable qui pour elle devient catastrophique, peut réagir très mal. Plus précisément, elle peut passer de l’amour-passion, de l’amour extrêmement idéalisé, vers une haine libérée de l’état d’énamoration, de l’état d’haine-amoration, à la haine prédominant dans la passion platonique (Arce Ross, 1988).
Lorsque cela arrive, le sujet érotomane vit forcément les ondes chocs de la déception amoureuse comme un énorme préjudice qui lui est infligé. Son état psychique et émotionnel à ce stade est équivalent à celui d’une victime en état de choc. Il n’y a aucune place pour douter du préjudice subi puisqu’on le ressent. Et cette acuité sensitive domine l’intellect, domine la raison, au point de la pousser à chercher les moyens les plus sûrs pour accomplir la vengeance qu’il faudrait en vue de soulager la souffrance morale appartenant à l’état de victime.
La haine platonique, libérée d’un amour idéalisé mais extrêmement déçu, devient le moteur du désir de vengeance. Car l’amour idéalisé, ayant changé de valeur de par la déception de l’Autre, devient un délabrement psychique, un terrible préjudice sentimental. C’est pour ce préjudice provoqué par sa simple présence que, coûte que coûte, l’agresseur doit payer. Même s’il s’agit d’un agresseur encore aimé. Surtout s’il s’agit d’un agresseur encore aimé. D’autant plus qu’il est haï à la hauteur de l’amour-passion qu’elle lui porte.
Compte tenu de ces éléments bien qu’épars et certainement très insuffisants, nous avons quand-même l’impression que la problématique de cette affaire repose sur une l’une des modalités de la psychopathologie du viol. À savoir qu’il a pu y avoir une connexion entre, d’une part, une souffrance de viol sans viol chez Najila et, d’autre part, la réussite masculine scandaleuse de Neymar avec les femmes le menant à jouer inconsciemment le rôle de l’agresseur mais sans avoir agressé.
Séparation des sexes, sexualité entre célibataires et psychopathologie du viol
Séparation des sexes et violences du lien sexué
Les profonds changements anthropologiques de notre époque font que l’un de leurs effets dans la relation entre les sexes se situe surtout dans leur séparation radicale. Nous visualisons, en effet, sur fond d’égalitarisme idéologique et d’une croissante confusion dans les attributions sexuées, que chaque sexe ne sait plus comment agir envers l’autre et finit par lui tourner le dos. Les deux sexes s’évitent, se méfient et se violentent mutuellement bien que, par réaction vitale de la nature pulsionnelle, ils se cherchent encore et malgré tout.
Comme corollaire à cet état de fait, le couple est entré dans une crise profonde et étendue, notamment à partir de la fin des années 60 et début des années 70, lorsqu’il y a eu une progression importante des séparations et des divorces. Au point qu’aujourd’hui un divorce est une étape presque normale dans la trajectoire d’un couple qui décide de se marier. S’il a, par bizarrerie ou par amour (encore lui), l’idée désormais pratiquement abscons de le faire. D’ailleurs, j’ai même vu de couples qui ont choisi de se marier seulement pour pouvoir divorcer. Car leur divorce était devenu paradoxalement plus important que leur alliance.
L’une des conséquences les plus visibles de la séparation des sexes, surtout depuis le début du XXIème siècle, est l’avènement de relations essentiellement célibataires. À savoir qu’un homme célibataire et qui le restera crée une relation intime, parfois suivie et approfondie, avec une femme également célibataire et qui le restera. Ils peuvent développer une longue relation faite d’amitié, de complicité et de sexualité sans que cela se formalise en un véritable couple. Celle-ci est la version théorique et positive. Mais il y a surtout la version négative, ou très négative, des effets inévitables qui viennent compliquer un tel vécu du lien sexué. À cet égard, nous savons qu’un homme peut assez facilement s’adapter ou supporter la solitude ou la vie de célibataire et ceci à n’importe quel âge. Tandis que chez les femmes la solitude bimilléniale peut devenir un véritable trouble de la civilisation sociétale.
En tant qu’effet pervers du libéralisme sociétal, la séparation des sexes est un terrain fertile pour les violences du lien sexué. L’explication se trouve dans le fait que la nature et le réel de la position pulsionnelle de l’homme et de la femme sont profondément altérés par l’idéologie dominante. L’idéologie du genre et ses vicissitudes dans des excroissances macropsychiques, telles que le panféminisme et l’égalitarisme entre les sexes, font que les hommes et les femmes ne soient plus à leur place. Ils se situent désormais dans des places identitaires plutôt que réelles. L’idéologie identitaire dominante fait des hommes et des femmes des genres et non pas des sexes. Elle les pousse à échanger le plaisir sexuel et le désir d’amour pour la jouissance identitaire et pour la nouvelle angoisse sociétale.
Jouissance identitaire et angoisse genriste provoquent ainsi un monde d’hommes durablement célibataires qui, souvent de façon médiocre, consomment des femmes durablement célibataires. Ils jouissent en termes identitaires, c’est-à-dire que, pour cause de la séparation des sexes, ils souffrent avec plaisir de leurs nouvelles identités. Car ils ne savent plus ce que veut dire vivre ou faire l’amour ni même créer et former un couple, mais seulement consommer dans l’individualisme, le libéralisme angoissé et la solitude. Même certains couples sont vécus comme si les partenaires étaient restés des célibataires mais ayant passé une alliance à géométrie variable avec un friendly concurrent. C’est dans ce système de sujets hyper-célibataires qu’émergent les violences du lien sexué et notamment la psychopathologie du viol qui touche surtout les femmes.
Inconstance forcée des femmes célibataires
Il y a des décennies, certains hommes avaient l’habitude de fréquenter érotiquement plusieurs femmes en dehors de celles avec qui ils étaient déjà engagés. Un telle attitude, bien que largement courante et quelque part socialement tolérée, était en parallèle évidement condamnable. Car cela ne favorisait pas la bonne entente entre hommes et femmes, notamment au sein du couple. Toutefois, comme toujours, quelques femmes participaient avec complicité de ce système d’échange car elles trouvaient bien leur compte. Entre-temps, la société a beaucoup changé. Les femmes ont occupé les espaces disponibles dans tous les domaines de la vie professionnelle et sociale, au détriment parfois de la vie conjugale et familiale. Et pourtant, certains hommes continuent à avoir aujourd’hui la même attitude mais d’une façon plus étendue et même plus agressive, car complètement détachée et profondément individualiste. En outre, à cette attitude plurielle de la consommation des femmes se sont progressivement ajoutées les violences du lien sexué. Et malgré qu’à nouveau quelques femmes participent avec complicité du système de consommation, il y a évidemment une autre partie des femmes qui se plaint avec légitimité d’une telle évolution de la société occidentale. Comment expliquer cet état de fait ?
Ce qui a changé, c’est que depuis les années 60, certaines femmes se sont progressivement mises à avoir la même attitude que les hommes. Le désir féminin s’est masculinisé et a succombé à la tendance individualiste et libérale de la consommation érotique. En guise d’amour, elles en ont maintenant le sexe multiple. Sauf que sans engagement stable. Malheureusement pour les femmes, cette attitude ne leur convient pas du tout. Non pas seulement parce qu’il s’agit d’une attitude strictement anti-amour actif. Non pas vraiment parce que, homme ou femme, cela vous empêche de vous engager réellement dans une relation stable. Mais parce que l’attitude de l’amour libre, de la sexualité multiple, de la consommation érotique sans engagement, ne correspond pas du tout à la nature féminine.
La jeune ou encore jeune femme durablement célibataire se retrouve lancée, plus involontairement que volontairement d’ailleurs, dans une succession infernale d’illusions et de déceptions, d’attentes secrètes, de gifles du réel et d’espoirs renouvelés. Mais dans une anxiété presque permanente. Car l’amour de la célibataire est devenu une expérience sensuelle de l’angoisse. Elle n’aime plus l’autre en soi, elle aime avec angoisse un amour impossible à supporter puisqu’il se défile en permanence. Dans ces conditions, l’immense liberté du choix devient une fatigue lassante du désir et la femme durablement célibataire se replie, avec un enthousiasme artificiel, dans la jouissance sporadique des rencontres multiples. Là, elle se retrouve rapidement dans la position d’objet sexuel que connaissaient les femmes d’avant le féminisme. Et l’évolution de la société progressiste, qui se dit sociétale, fait un retour en spirale vers les pires défauts de l’archaïsme moderniste.
Contrastant avec cet état de fait, nous savons que la constitution originaire et authentique du désir féminin porte vers la construction d’un foyer, d’un couple, d’une vie à deux, avec un engagement mutuel stable et constant. Quelle que soit sa vie ou sa personnalité, une femme a toujours tendance à chercher à vivre à deux. Ou au moins, elle rêve de ça. Même la plus féministe. Même celle qui, par mauvaises expériences, a créé une phobie du couple. Même celle qui revendique aujourd’hui une vie de célibataire et s’y trouve bien rêve, au fond d’elle-même, à l’avènement d’une autre vie où un homme sache la protéger et l’aimer.
Si elle n’a pas déjà d’enfant avec qui former une famille que j’appelle égoparentale (bien plus individualiste que simplement “monoparentale”), une femme célibataire cherchera toujours au moins la compagnie de ses amis, aussi bien de ses amies femmes que de ses amis hommes. Dont certains d’ailleurs deviendront ses amis sexuels dans une sexualité mutuellement égoïste, parfois marchande et presque para-animaliste. Ou alors, elle adoptera un animal de compagnie, notamment des chats et en moindre mesure des chiens, avec qui elle vivra soit une relation transhumaine d’amour partagé, soit une relation carrément animaliste et analogue à la famille égoparentale. Si aucune de ces modalités ne peut lui convenir pour brancher le chargeur de son anxiété sociétale, il lui restera évidemment les joies et les souffrances de l’addiction professionnelle. Là, le harcèlement sexuel pourra parfois venir exister comme un analogon péjoratif ou déficitaire du couple avec un homme masculin qui, inexorablement, lui file entre ses années de jeunesse.
La femme bimilléniale se trouve ainsi prise en otage, d’un côté, par ses propres désirs féminins niés pour cause de l’évolution sociétale et, d’un autre côté, par une masculinité en souffrance chez les hommes qui cherchent à la restaurer avec violence. Le prix à payer est une féminité dégradée. Le prix à payer est de devenir un instrument sexuel pour des hommes de passage. Le prix à payer est de se débrouiller pour devenir victime ou marchandise ou les deux. Le prix à payer est d’aimer les hommes seulement à distance. Sans réellement aimer et sans être aimée d’aucun.
Dans ces cas où une femme ne parvient ni à dire oui à l’amour ni à dire non à la sexualité de consommation, comment faire apparaître clairement l’interdit devant un non si affaibli, si dévalué ?
Lorsque le non d’une femme n’est pas un non actuel
En général, dans la langue coloquiale, il n’y a pas que des oui et des non avec une signification univoque. Loin de là, il y a aussi bien des oui qui fonctionnent comme un non que des non qui fonctionnent comme un oui. Et il y a, en outre, des oui un peu dégradés ou un peu limites, comme “ouais”, “mouais”, “mmm”, “m”, “oui et non”, “oui mais”, “oui mais non”… Ce sont des oui qui n’osent pas montrer le non qu’ils sous-tendent. Des oui de circonstance, des oui courtois, condescendants parfois, d’étiquette, de séduction, ambivalents, existant là où la relation est plus importante que le contenu du message. Il s’agit des oui où ce n’est pas grave de ne pas dire un non clair et définitif.
De la même façon, il y a des non qui ne ferment pas, des non qui incitent comme un “encore” toujours possible, comme un “peut-être” qui garde son mystère, comme un “oui mais pas tout de suite”. Par peur de blesser ou par peur d’être rejeté, parfois s’impose le choix de ne rien dire au lieu de dire non, comme de dire un petit oui à côté de la phrase pour appuyer un désaccord poli ou de circonstance avec la proposition principale. Ceci peut arriver alors que l’on sait que l’essentiel d’une personnalité affirmée est de faire supporter ses oui sur le socle d’un non fondamental.
En effet, à condition que l’on sache et que l’on utilise la signification claire de la négation primordiale, parfois on peut se passer de la verbalisation d’un non. Car la négation ferme ne dépend pas que du verbe, mais surtout de l’expression corporelle personnelle aussi bien que de l’attitude du sujet dans le contexte du discours où la négation doit faire scansion. La verbalisation d’un non perd de sa force, ou est contre-productive, lorsque les signaux du contexte global du discours et des places du sujet et de l’Autre induisent à une affirmation ou à une réaffirmation continuelle du désir.
Il y a ainsi des cas spécifiques, minoritaires mais bien réels, où le non d’une femme n’est pas un non clair et limpide. En tout cas, il y a des situations où il peut être un non d’une autre époque et d’un autre événement normalement détaché de l’événement actuel. En s’appuyant sur une réactualisation d’un conflit important concernant les circonstances d’excitation sexuelle, c’est bien la femme qui relie toute seule les deux événements et cela donne un non contradictoire. C’est-à-dire que c’est un non qui n’est pas un non libre, mais un non conflictuel, un non mélangé de oui. Pourquoi ?
Parce qu’il s’agit d’un non d’inhibition dû à un conflit interne existant depuis longtemps. Ce conflit interne peut renvoyer non pas à la situation sexuelle actuelle, mais à la psychopathologie du viol dont souffrait déjà cette femme bien avant la rencontre actuelle avec l’homme à qui elle dit non. C’est-à-dire que l’homme de la situation sexuelle actuelle n’est pour rien, ou presque, dans la production du non.
Chez elle, plus il y a un oui possible devenu conscient et plus s’oppose un non conflictuel conservé depuis l’enfance ou l’adolescence. C’est qu’inévitablement toute situation sexuelle actuelle peut, sous certaines conditions, renvoyer ou être associée à un conflit interne. Elle peut être mise en lien soit avec un abus sexuel ancien, soit avec quelque chose d’équivalent mais sans viol ni abus sexuel et, dans tous les cas, plus généralement, avec la psychopathologie du viol. Comment tout cela peut-il être possible ?
Une psychopathologie du viol sans viol
On peut faire référence à un cas où une petite fille n’a pas été, à proprement dire, violée. Elle n’a subi, en effet, aucun viol ni aucun abus sexuel direct. En revanche, d’un côté, elle a subi l’intrusion d’impressions corporelles, non sexuelles mais intenses et négatives, par des actes de maltraitance. Puis, d’un autre côté, elle a aussi été soumise à des réelles sensations sensuelles paradoxales en lien avec la représentation de scènes sexuelles violentes filmées par des adultes.
Lors d’un âge précoce, la petite fille avait déjà subi, par une femme qui la gardait, des punitions injustifiées et limitées mais suffisamment intrusives pour créer un profond conflit à l’égard du sexuel. Ces situations clandestines, car ses parents ne le savaient pas, ont fait leur chemin psychique pour se frayer une passerelle avec des impressions intimes d’intrusion. Une douleur anxieuse presque excitante, presque sexuelle, s’en est dégagée. Celle-ci est restée en attente comme une part non symbolisable, douloureuse et paradoxalement jouissive de son intimité. Jusqu’au jour où cette souffrance opaque a fini par être associée à un autre événement intrusif et plus tardif de son enfance.
À l’âge de 7 ans, la même gouvernante obligeait clandestinement les enfants, dont cette petite fille, à visionner des films pornographiques avec elle. Lors de ces séances, la petite fille éprouvait des sensations corporelles qu’elle ne comprenait pas et auxquelles elle donnait une valeur extrêmement négative. C’était un mélange d’excitation sexuelle interne avec une nette impression d’intrusion corporelle. Son corps était alors doublement attaqué. En interne, par une excitation sexuelle qui ressemblait à de la douleur tout en ayant quelques touches infimes de plaisir. En externe, par une intrusion clandestine et incompréhensible ressemblant à la sexualité entre adultes.
La maltraitance occasionnelle mais intense de cette petite fille par la gouvernante a pu produire des effets psychosexuels particuliers. La douleur corporelle générée par les coups appliqués à l’enfant peuvent être associés au visionnage imposé de films pornographiques. Dans ce cas, la douleur corporelle due aux punitions corporelles n’est pas une douleur simple, mais une douleur presque sexuelle. Elle peut se mélanger avec une excitation sexuelle, encombrante car venue au mauvais moment, que la petite fille ne comprend pas et qu’elle ne peut pas assimiler.
La douleur en provenance des punitions corporelles se cristallise dans son association avec l’excitation, ou avec le presque plaisir sexuel, en provenance du visionnage des films pornographiques. La cristallisation pathologique de ces deux abus d’autorité sur l’enfant feront que, à l’avenir, certaines situations d’excitation sexuelle rappellent les conditions de la punition douloureuse et des images sexuelles violentes, mettant le sujet devant un terrible conflit au sujet de sa sexualité. Autrement dit, la douleur des punitions corporelles et l’excitation paradoxale des scènes pornographiques de l’enfance, rééditées et associées toutes les deux dans la situation sexuelle actuelle, peuvent pousser cette enfant devenue adulte à se créer des scènes pornographiques réelles lors de sa vie sexuelle.
Dans certains cas donc — sans que le partenaire masculin sache pourquoi et sans qu’il ait fait quelque chose de mal —, le non abrupte d’une femme lors de l’acte sexuel peut ne pas être un non en lien direct, ou strict, avec la situation sexuelle actuelle. Le partenaire masculin peut être soumis à une double injonction contradictoire par la femme en question. Dans tous les cas, il s’agit obligatoirement pour un homme actuel de savoir repérer ce double message, en étant très attentif aux réactions les plus insignifiantes d’une femme qu’il ne connaît pas bien, pour ne pas glisser vers des circonstances fâcheuses pour elle et pour lui.
Mais, en général, dans des circonstances de ce type, le partenaire masculin se trouve aussi démuni de la compréhension de la situation que la femme. D’un côté, elle clame abruptement et explicitement un non, alors que jusque là c’était un oui clair bien qu’implicite, puisque son corps réagissait positivement. Dans ces cas, le non paradoxal actuel peut être une réédition d’un non conflictuel lié à une association pathogène du passé. Ce non de l’inhibition sexuelle absolue, sans viol avéré, est l’une des trois modalités de ce que j’appelle la psychopathologie du viol.
Sexualité réelle, vérité subjective et dénonciation calomnieuse
La Psychopathologie identitaire est une vérité subjective
La proclamation de la vérité d’un sujet, qu’il soit homme ou femme, n’indique pas toujours que les faits auxquels elle se rapporte soient réels et avérés. Ce phénomène peut avoir lieu notamment lorsque les sources ou les effets d’une psychopathologie a une quelconque relation avec le discours judiciaire. Il y a par exemple des sujets qui, en toute vraisemblance, s’accusent eux-mêmes de crimes qu’ils n’ont pas commis. Il ne s’agit pas chez eux d’un sentiment inconscient de culpabilité comme chez le névrosé, mais souvent d’un complexe délirant de ruine, d’indignité et de culpabilité. Et il y a aussi d’autres se situant comme psychologiquement victimes bien avant qu’un événement ait lieu et indépendamment d’une réelle agression. Pouvons-nous rapprocher ces derniers d’une pathologie proche du délire de préjudice ? Se présenter comme victime mais sans réelle agression de celui qu’elle accuse est à rapprocher des psychoses passionnelles quérulentes ou des psychoses procédurières ou processives ? Ou la souffrance victimaire est plutôt à rapprocher de la psychopathologie identitaire ? Dans la manipulation calomnieuse du pouvoir judiciaire, s’agit-il d’un harcèlement délirant, pré-délirant ou identitaire que la victime revendicative effectue comme vengeance contre une déception passionnelle ?
Si la vérité subjective ne s’appuie pas forcément sur le réel de la sexualité vécue, cela ne veut pas dire pour autant que la femme identifiée à la victime ment. Selon elle-même, elle dit la pure vérité. Il s’agit toutefois d’une vérité qui ne peut pas être prise en compte dans le cadre judiciaire pour déterminer la responsabilité ou la culpabilité réelles d’un acte. Car, dans ces cas particuliers, l’acte incriminé n’existe pas et donc il n’y a pas de coupable. Il appartient, en revanche, à la fiction de la femme identifiée à la victime, qui le vit souvent depuis longtemps en son for intérieur même si elle l’exprime depuis peu. La fiction appartenant à la psychopathologie du viol, dans sa confrontation avec le réel de la sexualité, peut faire naître l’occasion d’une dénonciation contre ce crime fictif mais non moins vrai. Grâce à la rencontre avec un homme dont nous avons dessiné plus haut le profil, la psychopathologie du viol dont souffre la femme identifiée à la victime trouve une sorte de légitimation dans la dénonciation calomnieuse permise par les failles du dispositif judiciaire.
La Dénonciation calomnieuse est une fiction fragmentée de la sexualité réelle
C’est ainsi qu’il se dessine la place pour une plainte véhémente chez la femme identifiée à la victime. Cette dénonciation calomnieuse comporte : une relation avérée entre la femme identifiée à la victime et l’agresseur supposé, une myriade d’éléments qui pourraient faire déduire un crime, une attaque de la personnalité de l’agresseur supposé, une défense inconfortable de celui-ci, des preuves qui attestent uniquement du discours victimaire mais pas du crime, beaucoup d’émotion et d’affects sur-exprimés, sur-représentés. Tous ces éléments constituent une inflation inhumaine de la dénonciation, au point que la victime sans crime peut basculer en une certitude délirante, pré-délirante ou identitaire, que celui qu’elle a choisi est bien l’agresseur qu’elle cherchait pour exister.
Dans cette énorme boule calomnieuse alimentée par le complexe psychopathologique de l’identité victimaire, la vérité de la femme portant lourdement son identité de victime — comme un néomasochisme sociétal — s’exerce depuis peut-être plusieurs générations dans une autre scène. Les faits actuels et réels sont alors instrumentalisés pour représenter des trames spectrales d’un passé figé et asymbolisable. Le fantasme, le délire ou le spectre de victimisation, c’est-à-dire le spectre d’une victimisation non-pragmatique, ce sont les expressions des ruines psychiques qui concernent une sexualité fragmentée.
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