Interview accordée par German Arce Ross au journal MetroNews International, le 25 novembre 2015.
Le syndrome de Cotard se compose d’un délire des négations, d’une hypocondrie morale délirante, d’un délire d’énormité et d’un délire d’immortalité.
Les négations s’appliquent de préférence aux organes vitaux probablement par manque de représentation affective du corps dans l’histoire précoce du sujet, à laquelle sont venus s’adjoindre d’autres événements de rupture affective.
Les négations systématisées ne s’attaquent pas seulement aux organes du propre corps mais aussi aux événements de la vie subjective, aux personnes que le sujet est censé aimer ainsi qu’aux objets extérieurs.
La négation des organes et de la vie dans sa globalité mène le sujet à se concevoir monstrueux, dans une relation malsaine vis-à-vis d’un corps qui devient horrible et surtout gigantesque, énorme. C’est alors que survient le délire d’énormité dans lequel le sujet s’éprouve sans limites corporelles, comme une très grosse sphère en lien étroit avec une souffrance océanique.
Dans le délire d’énormité, le sujet est confronté à une petitesse morale si impressionnante qu’il millionne négativement dans la désespérance. L’ horreur, le monstrueux, le catastrophique, sont tellement énormes, tellement océaniques, que personne ne peut rien pour lui. Et ce système glisse progressivement en tsunami corporel, au point non seulement de se percevoir énormément monstrueux mais également de rendre réellement son propre corps sphérique et grotesque. Puisque la souffrance est d’une extrême grandeur négative, il ressent son propre corps comme colossal, gigantesque, et devient affreusement gémisseur, profondément lamentable et infiniment désespéré.
Toutefois, l’opposition systématique à la vie se manifeste paradoxalement aussi dans le délire d’immortalité, où le sujet maniaco-dépressif se croit soit déjà mort, soit dans l’impossibilité de vraiment mourir à jamais, soit encore il a ces deux certitudes délirantes ensemble. L’immortalité serait ainsi à concevoir en tant que renversement délirant à la mort laquelle est, au fond, souhaitée comme un véritable soulagement.
Bibliographie
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German ARCE ROSS. Paris, janvier 2016.
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