À part les vecteurs généalogiques du père et de la mère qui influencent directement ou indirectement la vie psychique de l’enfant, il y a aussi le vecteur qui représente la relation de l’enfant avec l’histoire du couple parental.
L’histoire de Mine (l’Ingénue libertine, de Colette) nous montre qu’un certain type de jeune femme peut préférer les bad boys, c’est-à-dire les hommes qui peuvent la faire souffrir. Car, ayant souffert des déboires du couple des parents, Mine développe alors, à l’âge adulte, un type d’amour très problématique avec les hommes. Tout au long de son histoire, la jeune Mine met en exécution des manœuvres pour tenter d’humilier inconsciemment son mari (comme autrefois son père) en allant avec d’autres hommes qui traînent dans les trottoirs, dans les caniveaux, les rôdeurs, les voyous, les wicked boys…
Aujourd’hui, souvent une femme dite socialement libérée et professionnellement indépendante, comme Eugénie et à l’image de Mine, peut paradoxalement devenir érotiquement très dépendante des bad boys et des relations amoureuses passionnelles envers eux. Une femme comme Mine est, tout à la fois, effrontée, naïve, langoureuse, passionnelle, oïsive, fière, fragile, intrigante, extravagante, colérique, brutale, monstrueuse dans des relations peuplées par des fantasmes de prostitution. Eugènie, comme Mine, sert de jouet consentant, de poupée vicieuse ou épouvantée, brutalisée, pour quelques misérables.
Hypersensible à la chair, menée par le sexuel, tracassée par le corps d’un homme, de telle façon qu’elle se situe en tant que femme mais qui agit en partie comme un homme, en exprimant un désir sexuel actif, agressif, déprécié, déconnecté du respect . Mue par son fantasme féministe et puisqu’Eugènie ne supporte pas la supposée domination masculine ou la soumission dite féminine, la bouche mordante et broyante qui avale est de son côté. Partant d’une nette séparation entre amour et désir sexuel à la mode masculine, la présence de la chair, souvent sale pour elle, vient pour Eugènie à la place de la tendresse ou de l’affection qui manquent et qui restent malheureusement maintenues à distance par elle-même.
Dans le fantasme de l’éternelle célibataire, souvent par déception, il y a une extrême idéalisation de l’amour qui cohabite avec son mépris profond.
Dans cette série consacrée à la clinique de l’amour et à la psychopathologie du couple, nous présentons un type de femme assez répandu dans les sociétés occidentales.
Il s’agit d’une femme qui, partant d’une profonde déception touchant les relations amoureuses du couple parental, vient à développer, d’un côté, un sacrifice de l’amour dans ses relations de couple et, d’un autre côté, une hyperdépendance du sexuel. Ce genre de femme s’enferme dans un féminisme qui écrase une partie essentielle de sa féminité, tout en développant une masculinisation de son désir.
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