German ARCE ROSS, Paris, octobre 2013.
Que ce soit dans les événements de perte ou dans les événements de rupture, le cours émotionnel et affectif d’un deuil normal possède, en général, les mêmes étapes. Celles-ci sont principalement : angoisse, douleur et tristesse.
Cependant, dans les événements de rupture, il est clair que l’une des dérivations possibles de l’angoisse est la colère, dont à son tour l’un de ses destins est le mépris. C’est-à-dire qu’avec la complication colérique de l’angoisse, au lieu d’aller de celle-ci vers la douleur, on part de la colère pour se loger pendant une période dans le mépris. Puis, l’un des destins possibles du mépris est le cynisme qui se pose ainsi comme une dérivation compliquée de la tristesse.
Ainsi, à la triade angoisse-douleur-tristesse peut donc s’entrelacer la triade colère-mépris-cynisme, surtout dans les événements de rupture.
Contrairement aux événements de perte, où l’objet d’amour n’y est plus pour cause de mort, dans les événements de rupture (amoureuse, familiale, conjugale), le deuil peut se compliquer car l’objet d’amour y est toujours réellement présent quelque part et peut réapparaître fortuitement, ou pas, dans la vie du sujet.
L’issue d’un deuil étant toujours une période assez longue de tristesse, la question est de savoir comment ramener l’état de cynisme de retour à la tristesse. N’y a-t-il pas souvent, d’ailleurs, un cynisme mélancolique au lieu d’une tristesse émotionnellement apaisée et qui prépare un nouveau désir ? Pourquoi faut-il sortir de la triade colère-mépris-cynisme ? Parce qu’on n’élève pas des enfants sous le signe du cynisme. Et parce qu’à chaque étape de cette voie, on rencontre, entre autres, par exemple les trois versants possibles de l’injure. S’il y a encore au fond de nous-mêmes une injure colérique, une injure méprisante ou une injure cynique, cela prouve qu’un attachement affectif négatif est encore à l’oeuvre et que le deuil n’est pas fait. Donc, il faut quitter le cynisme et revenir, un peu, vers la véritable tristesse.
Je pense que ce mouvement de retour à la tristesse qui précède une nouvelle virginité affective, Virginie T. l’a accompli grâce aux relations avec son père, avec ses grand-parents paternels, mais également grâce à l’écriture de son histoire. Cette démarche est très proche, en contenu, en style et en qualité d’écriture, de celle d’autres écrivains actuels, comme par exemple Delphine de Vigan dans Rien ne s’oppose à la nuit (Prix Renaudot des Lycéens, 2011).
Et la résultante du deuil concernant la rupture d’avec la mère devient, dans son cas, le projet d’avoir des enfants.
Bibliographie :
BALZAC, Honoré de, La Femme de trente ans [1829-1842]. Gallimard, Paris, 1977.
MORAVIA, Alberto, Il Disprezzo. Bompiani, Milano, 1954.
LION-JULIN, Marie, Mères : libérez vos filles. Odile Jacob, Paris, 2008, 2010.
SIGURET, Catherine, Ma mère, ce fléau. Albien Michel, Paris, 2013.
VIGAN, Delphine de, Rien ne s’oppose à la nuit. Lattès, Paris, 2011.
VIRGINIE T., L’Éducation d’une handicapée sentimentale. Les Éditions du Net, 2013.
German ARCE ROSS, Paris, octobre 2013.
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