German ARCE ROSS. Paris, novembre 2016.
Le Maniaco-dépressif et son aptitude au travail 4/5
Réponses aux questions des étudiants de l’ISCOM Paris, Institut Supérieur de Communication et Publicité
Est-ce que le travail peut être une solution en soi ?
En effet, le travail peut être une solution en soi, comme l’amour, à condition que concernant l’amour on élabore autour de la question pathologique essentielle du maniaco-dépressif qui est le fait de ne pas supporter être aimé. Et concernant le travail, à condition que celui-ci soit effectué, si possible, en solitaire, comme le travail d’historien, de chercheur, de documentaliste, le travail avec des machines ou tout type de travail comme celui lié à la musique.
Quelle serait la relation du sujet maniaco-dépressif vis-à-vis des événements de discrimination au travail ?
La discrimination qui vient des autres et l’auto-discrimination, ce sont évidemment des choses très différentes, mais elles peuvent cohabiter, par coïncidence, chez le même sujet. À cet égard, le sujet maniaco-dépressif a une tendance impressionnante pour l’auto-discrimination.
Quel traitement pouvons-nous concevoir pour le sujet maniaco-dépressif ?
À la suite de turbulences toujours inévitables venant du vécu quotidien, l’organisme humain, dans des conditions normales, possède tout à fait la capacité de rétablir tout seul l’équilibre des cycles vitaux ou des rythmes circadiens — tels que l’alimentation, le sommeil, la température corporelle, le métabolisme, etc. —, lesquels ont été déréglés pour cause d’événements subjectifs contradictoires ou inassimilables.
Mais, lorsque ces événements subjectifs deviennent trop difficiles à intégrer ou à symboliser par le sujet, le dérèglement des rythmes vitaux requiert parfois une aide artificielle extérieure à l’organisme humain. C’est dans ces cas que l’on peut envisager la prise de médicaments tels que les antidépresseurs, les anxiolytiques, les neuroleptiques, etc.
Cependant, le traitement essentiel est et reste la psychothérapie. Car le fait de parler de soi et de ses problèmes à quelqu’un qui sait écouter d’une certaine manière, peut produire des modifications substantielles du rapport du sujet au monde et même des transformations de la capacité du cerveau à rétablir naturellement l’équilibre nécessaire le cas échéant.
Peut-on guérir de la psychose maniaco-dépressive ?
Dès lors que la psychose maniaco-dépressive n’est pas une maladie organique, mais une structuration psychique ayant également des effets somatiques, la question de la thérapeutique ne se pose pas en termes de guérison. La psychothérapie de la psychose maniaco-dépressive s’exerce pour obtenir une modification substantielle du positionnement du sujet vis-à-vis de quelques facteurs psychoaffectifs, en général très négatifs, de son histoire, lesquels étaient restés terriblement vides d’un sens de perte ou d’une signification de rupture.
Notre travail consiste à déceler ces facteurs vides de sens affectif, qui restent paradoxalement très actifs lors des situations de perte, de rupture, de changements des conditions habituels de vie, pour ensuite les substituer, ou les associer, à des composantes affectives et émotionnelles qui font défaut. Ces éléments négatifs mais vides de sens affectif, nous les appelons du terme de facteurs blancs.
Dès lors qu’ils opèrent dans les conjonctures du déclenchement des épisodes délirants, hallucinatoires ou de passage à l’acte, nous devons les identifier, les reprendre et les retravailler en fonction des événements intersubjectifs de la vie actuelle du sujet.
Réponses aux questions des étudiants de l’ISCOM Paris, Institut Supérieur de Communication et Publicité.
Bibliographie
ARCE ROSS, German, Manie, mélancolie et facteurs blancs. Préface du Professeur Georges Lantéri-Laura. Collection Le Miroir des Savants. Beauchesne, Paris, 2009
ARCE ROSS, German, La Fuite des événements. Les Angoisses altruistes dans les suicides maniaco-dépressifs, Huit Intérieur Publications, Paris, 2016
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