German Arce Ross, Prix du Rotary Club Paris Académies pour une photographie exposée lors de la Biennale 2014 (Arce Ross, Photographie et psychanalyse, discours à La Coupole, 2015), sera présent encore à la XVIIIe Biennale des Artistes du VIème arrondissement, Paris 2016, avec une autre photographie composée.
Nous continuons là notre petite recherche sur les rapports entre photographie et psychanalyse avec plusieurs photos composées suggérant des thèmes que l’on retrouve dans la clinique psychanalytique. Évidemment, on est loin de nos objectifs mais notre work is in process.
Cette fois-ci, nous voulons représenter la question de la femme à l’ombre, la femme voilée, à peine conçue, maquette de création, esprit d’invention, objet maltraité et adulé du fantasme contemporain.
Car elle s’ébauche contrastée par le regard parfois noir, parfois blanc, de l’Autre, lequel malgré tout la fait exister dans un réel qui, sans cesse, le lui échappe toujours. Il le lui échappe, dans l’espace d’une impossible rencontre, par une multiplicité de couleurs, d’odeurs, de contours, de saveurs, de silhouettes, d’essences, de formes et de goûts. Et ce regard pur, regard réel qui conçoit la femme comme un objet de création, ne retient de chaque instant qu’un souvenir évanescent bien que parfois impérieux.
Le réel impossible à voiler de la femme se trouve, en creux, par un regard de pure création, dans la rivalité originaire et perpétuelle des sexes. Cet aspect de la rivalité des sexes —notamment autour de la capacité féminine à enfanter et de l’envie que les hommes peuvent éventuellement éprouver à ce sujet—, avait déjà été considéré par Theodor Reik dans son étude sur la création de la femme (Reik, 1960, p. 115). Création de la femme, à partir du moment où dans les rites d’initiation les hommes ayant arraché l’enfant masculin à la mère, il reste d’elle son aspect “femme” soustrait à la mère potentiellement toute puissante.
À suivre Reik, l’un des problèmes qui se poseraient aujourd’hui serait alors de savoir comment ce reste réel du féminin peut-il être allégoriquement représenté dans l’art, traité par la culture, la mode ou la politique, re-créé en somme, autour surtout du visage et du corps des femmes mais sans les attributs stricts du maternel. Et cela, selon les mouvements que traverse non seulement une société donnée mais également la civilisation dans son ensemble, surtout en ces temps convulsionnés. En ce sens, nous arrivons aujourd’hui, ainsi que le soutient Ernst Kris, de par « l’étendue de la modification qui s’est produite dans la représentation de la figure humaine » (Kris, Psychanalyse de l’art, 1952, p. 133), au bord d’une rupture anthropologique.
Dans les liens de civilisation actuels, nos sommes un peu comme dans les périodes pré-psychotiques où il y a la rencontre réelle, à valeur de perplexité, entre le sujet forclos et une absence d’expression du visage humain. S’agit-il d’un vide affectif et émotionnel vis-à-vis du visage et du corps dans notre trouble de civilisation concernant l’Autre sexe ? Quel est le féminin que le masculin d’aujourd’hui mérite ? WIP, donc.
XVIIIème Biennale des Artistes du VIème arrondissement
Du 18 octobre au 5 novembre 2016, du lundi au vendredi de 11h30 à 17h, le jeudi jusqu’à 19h et le samedi de 10h à 12h, à la Salle des Fêtes de la Mairie du VIème, 78 rue Bonaparte 75006 Paris
GAR, octobre 2016
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