German ARCE ROSS. Paris, le 6 avril 2020
Référence bibliographique (toute reproduction partielle, ou citation, doit être accompagnée des mentions suivantes) : ARCE ROSS, German, « Confinement, hystérisation macropsychique et bénéfices secondaires », Nouvelle psychopathologie et psychanalyse. Psychanalyse Video Blog.com, Paris, 2020
Containment, macropsychic hysterization & secondary benefits
More serious natural or human disasters, such as earthquakes, tsunamis, wars, revolutions, or infectious diseases, are unique in that they paradoxically bring unexpected side benefits. It is this precise point of the negative and positive influence of collective events on man, without forgetting the associated reactions of this one, that I call by the term of macropsychic phenomenon.
Each subject, each couple, each family, reacts differently to the vicissitudes which abruptly change the usual course of daily life. In front of the emotional glare brought by the unexpected event, a position of perplexity can quickly transform, at the same time, into cataleptic paralysis as into unnecessary and anxious agitation. Such apragmatic anxiety, experienced in hypochondriac, egoistic or altruistic forms, often involves an invasive return of the anxiety of death that the subject can calm, refocus or sometimes modify with difficulty. Radical and collective sociophobic or agoraphobic positions then develop spontaneously, even without the intervention of health, legislative or police authorities. In certain cases, an obtuse negativism or, worse, a suicidal nihilism pushes the subject to revolt against the reissue of a familiar authority, more or less persecuting, which haunts him for a long time.
Without doubt, containment has benefits in terms of mental health and well-being, here are a few that we can refer to. Withdrawal from the world of hyperconsumption, pause in the destruction of nature, return to family values, revalorization of attachment to the roots, cessation of human transhumance, revalorization of frustration and desire to the detriment of jouissance, possibility of rebirth of love in its romantic version, biopsychic reordering of the difference between the sexes at the expense of gender ideology, return to the sources of dreams and projects, revenge of spiritual life on identitary, narcissism and haughtiness.
Confinamiento, histerización macropsíquica y beneficios secundarios
Los mayores desastres naturales o humanos, como los terremotos, los tsunamis, las guerras, las revoluciones o las enfermedades infecciosas, tienen la particularidad de conllevar, paradójicamente, beneficios secundarios inesperados. Es este punto preciso de la influencia negativa y positiva de los eventos colectivos en el hombre, sin olvidar las reacciones asociadas de este último, lo que llamo de fenómeno macropsíquico.
Cada sujeto, cada pareja, cada familia, reacciona de manera diferente a las vicisitudes que cambian abruptamente el curso habitual de la vida cotidiana. Frente al resplandor emocional que provoca el evento inesperado, una posición de perplejidad puede convertirse rápidamente tanto en parálisis cataléptica como en agitación innecesaria y ansiosa. Esta angustia apragmática, vivida bajo formas hipocondríacas, egoístas o altruistas, implica a menudo un retorno invasivo de la angustia de muerte que el sujeto puede calmar, reenfocar o modificar a veces con dificultad. Las posiciones sociofóbicas o agorafóbicas radicales y colectivas se desarrollan espontáneamente, incluso sin la intervención de las autoridades sanitarias, legislativas o policiales. En algunos casos, un negativismo obtuso o, lo que es peor, un nihilismo suicida, empuja al sujeto a rebelarse contra la reemisión de una autoridad familiar que lo persigue desde hace mucho tiempo.
Sin duda, la contención tiene beneficios en términos de salud mental y de bienestar, de los cuales hay algunos a los que podemos referirnos. Retiro del mundo hiperconsumista, pausa en la destrucción de la naturaleza, retorno a los valores familiares, revalorización del apego a las raíces, cese de la trashumancia humana, revalorización de la frustración y del deseo en detrimento del goce, posibilidad de renacimiento del amor bajo su versión romántica, reordenamiento biopsíquico de la diferencia de los sexos a expensas de la ideología de género, retorno a las fuentes de los sueños y de los proyectos, revancha de lo espiritual sobre lo identitario, el narcisismo y la arrogancia.
Confinement, hystérisation macropsychique et bénéfices secondaires
Les plus grandes catastrophes naturelles ou humaines, comme les tremblements de terre, les tsunamis, les guerres, les révolutions ou les maladies infectieuses, ont ceci de particulier qu’elles apportent paradoxalement des bénéfices secondaires insoupçonnés. C’est ce point précis de l’influence aussi bien négative que positive des événements collectifs sur l’homme, sans oublier les réactions associées de celui-ci, que j’appelle du terme de phénomène macropsychique.
Chaque sujet, chaque couple, chaque famille, réagit différemment aux vicissitudes qui changent abruptement le cours habituel de la vie quotidienne. Devant l’éclat émotionnel que l’événement inattendu procure, une position de perplexité peut rapidement se convertir, tout à la fois, en paralysie cataleptique comme en agitation inutile et anxieuse. Une telle angoisse apragmatique, vécue sous de formes hypocondriaques, égoïstes ou altruistes, implique souvent un retour envahissant de l’angoisse de mort que le sujet peut calmer, recentrer ou modifier parfois difficilement. Des positions sociophobiques ou agoraphobiques radicales et collectives se développent alors spontanément y compris sans l’intervention des autorités sanitaires, législatives ou policières. Dans quelques cas, un négativisme obtus ou, pire, un nihilisme suicidaire pousse le sujet à se révolter contre la réédition d’une autorité familière, plus ou moins persécutrice, qui le hante depuis longtemps.
Alternativement, d’une part, l’inquiétude déborde de toute mise en acte de la prudence et, d’autre part, la négation du réel exacerbe une colère identificatoire enfouie. Conflits et réconciliations avec soi-même peuplent le sujet psychiquement mal confiné tout en l’empêchant de rêver et d’imaginer. L’imprudence ou le calme apparent de certains affolent et énervent plus que d’habitude l’angoissé par la mort. Ses reproches s’adressent à un miroir opaque qui ne peut plus lui renvoyer son message inversé pour cause d’un Autre invisible et non intentionné, duquel il est impossible de recevoir une quelconque indulgence. Car cet Autre invisible n’est même pas un être vivant, bien qu’il soit supposé courir de corps en corps, de main en main, de bouche en bouche, de nez en nez. Organisme devenu hautement suspicieux, le corps de l’Autre se perçoit désormais comme un pestiféré potentiel s’il ne se décline pas comme victime docile et inconsciente. Dans le doute et même dans l’absence de signes extérieurs de contagion, le sujet se cantonne de ce fait dans un système d’hyperprévention.
On n’est plus dans l’intime du lien social. On n’y est plus corporellement touché. On s’évite et on se regarde discrètement avec un oeil clinique tout à fait inhabituel. Physiquement, on ne se parle presque plus. Seulement de loin ou par les yeux si on a des masques. On a des masques artificiels venant redoubler le masque personnel. Même à l’extérieur, on se confine dans son espace vital de respiration. Le nez se faufile, se renie autant qu’il peut. Plus aucun parfum n’est plus charmant. On n’est plus, surtout pas, le respirateur ambulant de l’Autre.
Tout d’un coup, le lien social se trouve dominé par un empire des sens contrarié. Le tactile, le gustatif et l’olfactif se retranchent, tandis que l’auditif et le visuel se font, perspicaces mais aux aguets, les alliés des émotions dans un contexte d’asepsie affective. Et une typologie de personnalités émotives revient sur le devant de la scène. Les anxieux reprochent aux réalistes des attitudes que l’on ne retrouve que chez les nihilistes ou les suicidaires. Les réalistes regardent les anxieux d’un oeil empli de commisération que l’on pourrait confondre avec de la condescendance. L’agressivité du confinement naît, se partage et soudain décline pourtant par ces circuits-là. Mais, elle se désagrège facilement devant le mur vital de la frustration ou de la privation.
À ce propos, le mur que Donald Trump voulait, la fermeture des frontières que d’autres désiraient, l’Euroxit national que l’on critiquait tant, la remise en ordre de tous les quartiers, fonctionnant désormais comme autant de villages à l’intérieur de la grande ville, tout cela est devenu pour un peu une réalité incontestée et même revendiquée par le plus grand nombre. Sans aucune critique presque. Le national renaît contre le maléfice de la mondialisation infectieuse, le régional se retourne sur son nombril en oubliant le national, le quartier prime sur la ville et la famille nucléaire sur la famille élargie, tout comme l’individu sur le groupe. D’ailleurs, la revanche du couple se fait soudain jour dans l’interdiction des groupes de trois ou plus.
On réclame le confinement quitte à s’en plaindre et à en souffrir les conséquences psychosomatiques, relationnelles, physiques et subjectives. On en a fait une religion que l’on suit parfois de façon fanatique, exagérée, obsédante ou, au moins, rituelle. Comme si la souffrance, l’ennui, les dépressions, les angoisses, les addictions ou la simple lassitude de l’enfermement était une façon d’expier une faute non-identifiée devant un sacré invisible.
Certains pourtant peuvent apprécier le confinement sans se sentir contraints ni enfermés ni perdants de quoi que ce soit. Bien au contraire. C’est le cas notamment de ceux qui ont l’habitude du confinement volontaire ou de la solitude choisie, espace où ils trouvent leur plus grande capacité créative. Plusieurs artistes, penseurs, techniciens, informaticiens, chercheurs, intellectuels, artisans, traders, conseillers, créateurs de tendances, communicateurs des nouvelles technologies, etc., y trouvent leur compte. Cela pour dire qu’il existe bien des réels bénéfices secondaires liés au confinement qu’il soit obligatoire ou volontaire.
Sans doute, le confinement implique des bienfaits en termes de santé mentale et de bien-être dont voici quelques uns auxquels nous pouvons faire référence. Retrait du monde de l’hyperconsommation, pause dans la destruction de la nature, retour aux valeurs familiales, revalorisation de l’attachement aux racines, arrêt de la transhumance humaine, revalorisation de la frustration et du désir au détriment de la jouissance, possibilité de renaissance de l’amour sous sa version romantique, réordonnancement biopsychique de la différence des sexes au détriment de l’idéologie genriste, retour aux sources des rêves et des projets, revanche de l’esprit sur l’identitaire, le narcissisme et l’infatuation.
La suite de ce texte se trouve dans le livre Les Ruines psychiques, (sous la direction de German ARCE ROSS), Huit Intérieur Publications, Paris, 2021
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.