German Arce Ross, Paris, le 5 mars 2017
Le Diagnostic de Psychose maniaco-dépressive 2/5
Dans le tableau de toute psychose maniaco-dépressive, les troubles bipolaires sont bien réels mais, en plus de la bipolarité, il y a bien d’autres éléments pour cerner la spécificité de cette psychopathologie.
Les autres symptômes, qui ne sont pas à confondre avec les troubles bipolaires, c’est-à-dire qui ne se réduisent pas aux perturbations périodiques ou circulaires des cycles vitaux et qui appartiennent au domaine purement psychique, seraient les suivants.
Nous avons, du côté du domaine mélancolique, ce que j’appelle le délire de mort lequel est composé d’une modification négative et générale de la réalité personnelle. Il s’agit notamment de la constitution d’un rapport idéïque, souvent nihiliste, profondément négativiste et ayant comme contenu des thèmes concernant la mort, comme expression d’un contexte anxio-dépressif généralisé. Ensuite, nous avons les auto-accusations et les auto-reproches délirants et répétitifs ; le délire de ruine, d’indignité et de culpabilité ; les angoisses diffuses de mort ainsi que quelques angoisses phobiques secondaires.
Dans l’évolution psychopathologique de l’aspect mélancolique et si aucune psychothérapie n’est mise en oeuvre, le sujet peut développer, à terme, un syndrome de Cotard qui se caractérise par des délires de négation touchant les organes vitaux, ou la propre vie. Parfois il peut aussi développer un délire d’immortalité avec une expression de gigantisme, ou délire d’énormité.
Ces derniers éléments de l’aspect mélancolique ont déjà, de façon plus évidente, une influence directe ou indirecte de la problématique maniaque, de telle façon que nous considérons qu’il y a une hiérarchie entre manie et mélancolie en ce sens que c’est la première qui domine et balise la dernière.
De son côté, l’expérience maniaque nous montre le rapport très singulier du sujet au langage. Il se trouve que quelques éléments sur-évalués ou sur-représentés du langage commencent à avoir un poids très lourd vis-à-vis desquels le sujet développe une interlocution frénétique et privilégiée. C’est ainsi que se construit ce que Binswanger appelait la fuite des idées, par laquelle le sujet ne fuit pas ses idées délirantes mais où il se trouve que ce sont les idées elles-mêmes et les signifiants sur-évalués qui se mettent à fuir tout seuls.
Quel est le statut de l’amour maniaco-dépressif ?
L’expérience maniaco-dépressive est composée d’une angoisse terrible concernant le fait d’être aimé. En effet, le sujet maniaco-dépressif ne supporte pas seulement d’être aimé car, bien souvent, il ne supporte pas non plus la rencontre sexuelle ou ne supporte pas d’éprouver l’orgasme.
Côté maniaque, l’expression de l’amour passe, en partie, par une pression morale très forte qui conduit le sujet à développer des angoisses altruistes dans l’amour, ce qui devient également insupportable pour lui. Ceci lui conduira parfois à se nier soi-même dans l’amour altruiste pour l’Autre, au point de parvenir, selon les cas extrêmes ou pathologiquement très évolués, à commettre des suicides altruistes.
Réponses aux élèves du Lycée Polyvalent d’Alembert, Paris 19ème.
German Arce Ross, Paris, le 5 mars 2017
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