German ARCE ROSS, Interview L’Obs, Paris, le 21 janvier 2015.
Le Syndrome de Cotard représente la phase la plus dangereuse de l’évolution de la psychose maniaco-dépressive, car il comporte un véritable risque de suicide.
Contrairement aux cas classiques de Cotard, qui se développent surtout chez des patients âgés, le cas de Haley Smith, aux USA, est celui d’une très jeune patiente (17 ans).
Les facteurs de déclenchement des troubles psychotiques ne sont pas les véritables causes de la psychose maniaco-dépressive. Mais ils donnent une indication de ce qui a été forclos, souvent dès les origines. À ce titre, les facteurs blancs produisent, à terme, ce que j’appelle les événements subjectifs sauf que dans leur version pathologique.
La question des événements subjectifs montre qu’il y a des événements cruciaux qui, s’articulant successivement, constituent la trame nécessaire d’une vie. Il peuvent être positifs ou négatifs, historiques ou pas, traumatiques ou pas, voire même ils peuvent se situer en dehors de toute possibilité de traumatisme.
Les facteurs blancs ce sont des événements subjectifs a-traumatiques, an-historiques, constituant une négativité affective presque absolue et, pour cela même, très pathologiques.
Sans doute, la production de la négativité radicale présente dans les facteurs blancs doit être trouvée dans la relation de l’Autre parental, ou de l’Autre inter-générationnel, vis-à-vis de ses événements cruciaux de vie qui peinent à se connecter à une véritable valeur affective. Nous pouvons citer comme exemple le cas du mariage blanc, la maternité blanche, la paternité blanche, les souffrances parents-enfants des générations précédentes… Il s’agit d’événements qui se sont effectivement déroulés, mais sans que rien de leur valeur affective n’y ait été vraiment connecté. Ils demeurent donc comme des événements vides de valeur affective ainsi que sans représentation signifiante possible.
Le facteur blanc n’est ni un signifiant ni un objet a, mais bien plutôt une absence radicale de signifiant qui représente le vide affectif aussi bien qu’une absence d’objet a là où il devrait y être.
En tant que psychopathologie des événements subjectifs, les facteurs blancs produisent chez le sujet une historicité dangereusement lacunaire, car emplie de négativité.
Dans ce sens, les facteurs blancs, à l’œuvre dans le syndrome de Cotard, font que le récit de vie d’un sujet revient sans cesse aux mêmes points vides de représentation, lesquels sont radicalement chargés d’une négativité affective.
Texte et voix : GAR. Photo : © 2013 German Arce Ross
German ARCE ROSS, Paris, le 21 janvier 2015
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