German ARCE ROSS. Paris, mars 2014.
Référence bibliographique (toute reproduction partielle, ou citation, doit être accompagnée des mentions suivantes) : ARCE ROSS, German, « Les Impasses du genre. Intersexes, sexuation et n’essence I », Nouvelle psychopathologie et psychanalyse. PsychanalyseVideoBlog.com, Paris, 2014.
Intersexes, sexuation & “n’essence”. Deadlocks of gender theory
The sentence of Simone de Beauvoir, « one is not born a woman, but becomes one », is problematic on several levels. Is it a nonsense of the second half of the Twentieth century, which has deceived many people of good faith? Is it a misconception or a simple banality? Or should we rather see an intention of political and ideological propaganda?
Intersex people demonstrate perfectly that their state is not at all because of gender, but that it was already there at birth. Indeed, one is born intersex, but one does not becomes one! And so it is done in this space and in this time than I call “n’essence”, i.e. in this transitional area and in this placentary period before birth. Intersexes are not transvestites nor homosexuals nor heterosexuals. They are simply marked forever by the real components (not only anatomical but mainly functional and psychological) belonging to both sexes.This would mean that they may not be located in sexuation, since this one supposes mutual and binary exclusion between the sexes.
Intersexes, sexuation et n’essence. Impasses de la théorie du genre
La phrase de Simone de Beauvoir, « on ne naît pas femme, on le devient », pose problème à plusieurs niveaux. S’agit-il de l’une des bêtises de la deuxième moitié du XXème siècle, qui a trompé beaucoup de gens de bonne foi ? S’agit-il d’une idée fausse ou d’une simple banalité ? Ou faut-il y voir bien plutôt une intention de propagande politique ?
Notons que, bien avant Simone de Beauvoir, Erasme avait déjà dit, dans De Pueris Instituendis, publié en 1529 : « on ne naît pas homme, on le devient »[1]. Voici exactement ce qu’il dit : « Arbores fortasse nascuntur, licet aut steriles, aut agresti foetu, equi nascuntur licet inutiles ; at homines, mihi crede, non nascuntur, sed finguntur », c’est-à-dire : « les arbres naissent arbres, même ceux qui ne portent aucun fruit ou des fruits sauvages ; les chevaux naissent chevaux, quand bien même ils seraient inutilisables ; mais les hommes, crois-moi, ne naissent point hommes, ils le deviennent, par un effort d’invention. » Simone de Beauvoir s’approprie cette phrase de façon futile, tout en la décontextualisant à outrance, ce qui revient à un contresens, comme dans les mauvaises traductions. Car ce qu’Erasme soutient, c’est qu’il faut instituer très tôt l’éducation aux enfants pour les humaniser. Devenir homme chez Erasme n’est donc pas un devenir sexué, mais devenir grand et élevé grâce à une éducation institutionnelle qui, comme dans sa propre vie d’orphelin, puisse se substituer à l’absence de père ou à l’absence de parenté de chair.
Voyons alors cette phrase dans la version décontextualisée de Simone de Beauvoir : « on ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin. Seule la médiation d’autrui peut constituer un individu comme un Autre. En tant qu’il existe pour soi, l’enfant ne saurait se saisir comme sexuellement différencié »[2].
Aucune figure symbolique ne définit la femelle humaine ? C’est un constat de la structure même de la différence sexuelle. Une femme ne peut se définir d’abord que par rapport à l’homme qu’elle n’est pas, pas toute en tout cas. Ensuite cependant, c’est à cela que la féminité s’attèle justement : à définir et redéfinir cette forclusion d’origine, à laquelle malgré tout elle peut trouver des suppléances largement efficaces.
Le féminin comme produit intermédiaire entre le mâle et le castrat ? Si, comme le soutient Simone de Beauvoir aucune autre figure symbolique que celle du castrat ne permettait de qualifier le féminin, alors aucun être non-mâle ne pourrait « devenir » femme non plus. Ce serait tout simplement impossible, car elles ne pourraient pas être castrées ! En tout cas, ce serait bien triste, maladroit, malvenu, faux et réducteur pour les femmes de les considérer comme des castrats, c’est-à-dire rien d’autre que des hommes ayant perdu leurs attributs virils. Cela dit, si un homme réellement castré peut se féminiser en quelques aspects, il reste malgré tout un homme car, même s’il a perdu ses organes génitaux, il ne peut en aucun cas devenir femme pour autant. Un castrat reste un homme. Et les femmes ne sont pas que des êtres sans pénis ! Elles ont aussi et surtout des organes et des fonctions qu’aucun homme ne peut avoir et qui conditionnent leur être-au-monde.
L’enfant existe pour soi ? Rien de plus faux ! Aucun enfant n’existe « pour soi ». Sauf peut-être l’autiste, et encore ! Non seulement, en termes de procréation, il a bien besoin d’un géniteur et d’un corps féminin qui le conçoit et le porte. Mais aussi parce qu’en termes psychiques, l’enfant a évidemment besoin de l’Autre (Autre du langage, Autre du désir, Autre corps) ainsi que des autres, voire d’un petit autre, pour exister et se constituer en tant que sujet. Mais surtout il a besoin de son propre corps (sexué), en tant qu’Autre de lui-même, pour fonctionner dans la dialectique du désir et de la demande.
L’enfant ne peut pas se saisir tout seul comme sexuellement différencié ? Ah bon ?! Et tous les jeux des nourrissons et des tout petits enfants qui montrent, sans l’aide du verbe, sans l’influence de l’éducation ou des adultes, les différences entre filles et garçons ? En effet, pour l’identité sexuelle (différente du genre), l’enfant a bien besoin de l’intermédiaire d’un Autre. Mais, dès le début de la vie, chaque enfant, chaque foetus même, bien avant la naissance, est déjà dans la différentiation sexuelle, sauf évidemment les intersexes.
La vie intime de Simone de Beauvoir a toujours été dominée par la haine vis-à-vis de ses parents, lesquels n’ont pas su l’aider à construire sa féminité. La fille rangée, faute d’être la jeune femme aimée du père, est devenue une féministe dérangée mais, pour cela même, aimée du public. La haine de l’identité sexuelle binaire, à cause de ces parents faibles et d’un père très déçu de ne pas avoir eu un garçon et qui considérait qu’elle avait « un cerveau d’homme »[3], l’ont poussée à des troubles importants de sa condition féminine. Non seulement elle s’est refusée de vivre auprès d’un homme, mais elle a vécu toute sa vie des phénomènes que j’appelle trans-limites[4]. Fuyant le mariage, la maternité et la vie familiale pour ne pas devenir la « domestique d’un homme », elle est devenue paradoxalement dépendante de l’affection stérile d’hommes et de femmes de passage.
À cause probablement de la terrible ruine financière du grand-père maternel et de la déception du père, qui comptait vivre de la fortune de sa femme, Simone de Beauvoir a vécu son déclassement social et la déception paternelle comme des éléments à incorporer. Est-ce cela qui l’a amenée à théoriser la négation de la réalité sexuelle à la naissance ? C’est possible. Aussi bien que l’idée utopique de devoir vivre un amour vraiment « libre »[5]. Ou le projet pervers de jouir sans limites, au point de séduire et de coucher avec ses élèves mineures (en fait, des manipulations psychologiques avec un but érotique à la limite de l’abus sexuel)[6]. Pour cela, elle a été poursuivie pour « excitation de mineure à la débauche », ce qui lui valut d’être suspendue de l’Éducation Nationale[7].
Contrastant avec ses slogans de propagande, sa vie était très loin d’un véritable modèle de liberté. Ce qu’elle a montré aux autres femmes comme exemple de libération s’est traduit en fait en : l’absence d’une véritable vie professionnelle en dehors de l’écriture et d’une courte période d’enseignement, une errance amoureuse, une vie sexuelle insatisfaisante (dépendance des caprices érotiques de Jean-Paul Sartre, qui en plus était un piètre amant[8]), une instrumentalisation du signifiant résistance alors qu’en vérité elle avait collaboré avec Radio Vichy[9], une hyper-dépendance passionnelle vis-à-vis de certains hommes, comme Nelson Algren[10], celui sans qui probablement elle n’aurait pas pu écrire le Deuxième sexe[11], un grand libertinage sexuel (relations lesbiennes avec ses élèves mineures et avec d’autres femmes dont peut-être aussi sa fille adoptive, Sylvie Le Bon[12], et nombreuses relations avec d’autres hommes). L’addiction au sexe et la soumission à l’impératif de l’amour étaient, par ailleurs, accompagnées d’un véritable sacrifice de la maternité, ainsi que d’un sacrifice de la constitution d’un couple stable. Au fond, sa vie montre clairement l’impasse et l’impossibilité du projet féministe, à savoir que, pour pouvoir être “libérée”, une femme est forcément obligée d’agir comme un homme dans l’amour, dans le sexe, dans le travail et dans la vie sociale, tout en renonçant à la maternité et au lien conjugal.
Si, pour Sartre, sa relation plus fraternelle que sexuelle avec Simone était « nécessaire » pour vivre, à côté, d’autres aventures « contingentes », pour Simone, l’idéologie féministe qu’elle a construit n’était qu’une justification et un paravent pour son homosexualité. Elle soutient, en effet, que la féminité équivaut à l’amour lesbien (!) : « les amours saphiques sont dans la majorité des cas une assomption de la féminité, non son refus »[13]. Nous voyons bien la disjonctive féminité versus féminisme (ou amour saphique). Si l’homosexualité était sa prison psychique, le féminisme pouvait devenir son idéologie de « libération ». Sauf que, comme le dit Marie-Jo Bonnet, la relation de l’une avec l’autre ne fait que l’enfoncer dans une conception perverse où l’amour devient forcément prédateur.[14] L’ultra-féministe E. Audet dit même de la Simone : « elle a réglé sa conduite et sa pensée sur celle de Sartre, faisant de l’égalité une schizophrénie où les femmes auraient dû se délester de leur propre expérience du monde pour devenir comme des hommes »[15].
Toutes ses relations amoureuses avec des hommes étant vouées à l’échec, elle a fini sa vie avec une jeune femme, Sylvie Le Bon, amie privilégiée, avec qui elle a entretenu une relation ambiguë, mi-charnelle, mi-tendre, mais qu’elle a adopté pourtant légalement comme sa fille pour déshériter sa propre soeur, Hélène. En créant des relations érotiques, suivies mais sans engagement, avec des jeunes filles fragiles et extrêmement dépendantes de par leur âge, de par leurs finances ou de par leur affection, Simone de Beauvoir les a utilisées, dominées, soumises et fait souffrir comme le font ces hommes que les féministes détestent. Sans aucun doute, dans sa vie amoureuse avec les femmes, Simone de Beauvoir a été une féministe lesbienne et très macho.
Ainsi, la vie affective à la dérive de Simone de Beauvoir a été l’exact négatif de la névrose « bourgeoise » qu’elle refusait. Le chemin de cette perversion de genre est orienté par l’idée saugrenue de convertir les troubles sexuels, aussi bien que les troubles de l’identité sexuelle, en idéologie de « libération » des femmes. Simone de Beauvoir aurait vécu comme si elle avait été un être intersexes, comme si elle était en marge de la sexuation binaire, tantôt femme tantôt homme, tantôt féministe tantôt macho. Sa féminité est devenue malheureusement un permanent comme si. Mais revenons à la phrase principale du paragraphe qui nous occupe.
Le On-sexe, ou le mythe de l’indifférentiation sexuelle
La phrase qui dit « on ne naît pas femme, on le devient » pose problème, déjà, concernant le « on » en question. C’est qui, c’est quoi, le «on »? S’il s’agit d’une fille ou d’un garçon, ce n’est pas pareil. On ne peut pas être les deux en même temps, même si Freud a soutenu l’idée d’une bisexualité psychique d’origine, certes bien théorique et relative, chez les deux sexes.
Sexuation, identité sexuelle, orientation sexuelle et genre sociétal
Dans les Trois essais sur la théorie sexuelle, en étudiant l’étiologie de l’homosexualité (où il situe surtout le « manque d’un père fort »), Freud fait recours aux théories sur un « hermaphrodisme » anatomique général, bien que très relatif, présent chez tous les hommes et femmes, même ceux qui ont une claire orientation hétérosexuelle. Cependant, cette prédisposition bisexuelle originaire, aussi bien anatomique que psychique, ne repose, dit-il, que sur quelques « traces de l’appareil de l’autre sexe, qui ou bien subsistent, dénuées de fonction, en tant qu’organes rudimentaires, ou bien on été remodelées pour assumer d’autres fonctions »[16]. Cela veut dire que le nouveau-né, garçon ou fille, comporte des minimes traces anatomiques et fonctionnelles de l’autre sexe, mais qui restent non-opérationnelles en tant que telles et qui sont au service d’une nette dominance monosexuelle (masculine ou féminine).
Et c’est pour cette raison d’ailleurs que Freud considère que l’on ne peut pas expliquer par exemple l’homosexualité par l’existence de cette bisexualité d’origine. Ce sont les débuts de la différentiation conceptuelle entre sexuation et orientation sexuelle. Aujourd’hui, nous avons une différentiation encore plus importante. Elle s’établit, selon ma propre conception, en quatre termes bien différents : il y a d’abord la sexuation, ensuite, l’orientation sexuelle, après, l’identité sexuelle et, seulement en dernier lieu, le genre sociétal ou rôle social à connotation sexuelle. La sexuation détermine que l’on puisse ou bien être homme, ou bien être femme, ou bien encore être intersexes. L’orientation sexuelle c’est le fameux “choix d’objet” qui peut être varié : hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, etc. L’identité sexuelle concerne la conformité subjective et psychique inconsciente plus ou moins réussie, plus ou moins conflictuelle, avec le sexe d’appartenance. De son côté, le genre n’est que le mode social voire sociétal et comportemental par lequel cette identité, combinée à l’orientation sexuelle, s’exerce dans la relation aux autres.
Contrairement à ce que dit Simone de Beauvoir, uniquement le quatrième de ces termes, le genre, dépend vraiment des modes, des tendances sociales, de l’éducation et de la psychologie comportementale. Tous les autres, représentant des domaines beaucoup plus profonds et sérieux, dépendent de facteurs biologiques d’origine, de données hormonales, anatomiques et fonctionnelles, mais aussi de questions anthropologiques caractérisant le genre humain (le seul genre vraiment valable), ainsi que de relations intersubjectives et psychiques inconscientes, de complexes familiaux, du vécu de l’adolescence, du choix inconscient d’un enfant selon le vécu parental, voire de cascades inter-générationnelles. Pour cette raison également, le «on » d’origine qui devient exclusivement homme ou femme, s’il existait, ne pourrait être ni vraiment bisexué ni vraiment intersexes.
Ou intersexes ou monosexué
Partant d’une bisexualité toute relative et largement dominée par un monosexuel qui s’impose très vite, il y a donc bien une hiérarchie inévitable d’origine. En principe, on ne peut pas être, on ne peut pas naître, autre chose que fille ou garçon. Y compris les intersexes (autrefois appelés hermaphrodites, du mélange d’Hermès et d’Aphrodite[17]), lesquels possèdent non seulement les gonades (testicules et ovaires), éléments anatomiques sexués primaires mais également les caractères chromosomiques des deux sexes[18], développent souvent une asymétrie hiérarchique entre les deux sexes de tel façon qu’il y a soit une dominante féminine (possibilité de grossesse), soit une dominante masculine (possibilité de fertilité)[19]. Ou alors, le « on » serait, selon Simone de Beauvoir et les idéologues féministes, un objet indéterminé. C’est-à-dire que tous les bébés du monde ne seraient ni filles ni garçons, ils seraient une troisième chose indéfinie. Un troisième sexe duquel découleraient plus tard, éventuellement, homme et femme ? Une préfabrication, ou une prématuration, du sexe ?
Pour suivre jusqu’au bout les idées de Simone de Beauvoir, il faudrait dire que : ou bien, on naît un truc indéterminé et on devient après fille ou garçon. Et dans ce cas, il faudrait savoir à partir de quoi et à quel moment on devient fille ou garçon. Partant de là, il faudrait plutôt dire : « on ne naît pas fille, on le devient ». Ou plutôt, « on ne naît pas fille (ou garçon), on naît on ». Mais si on naît on, pourquoi faudrait-il que les enfants deviennent filles ou garçons ? Ne pourraient-ils pas d’ailleurs être tous des intersexes ? Le problème c’est que, même les intersexes, tout en présentant une réelle indétermination quant à la sexuation binaire, présentent les caractères des deux sexes et non pas ceux d’un troisième ! Quel intérêt donc que le on devienne seulement fille ou seulement garçon ? D’autant plus qu’il faudrait, plus tard, ne plus être fille ou garçon, pour devenir à son tour femme ou homme. Et ceux qui seraient arrivés en retard à ce processus ? Ceux qui ne se seraient pas aperçus de la nécessité de devenir fille ou garçon pour ensuite devenir femme ou homme, que seraient-ils, que deviendraient-ils ? Et si les bébés ne naissent ni il ni elle, comment faudrait-il les appeler ? Ça ? Les enfants ça ? Ou faudrait-il créer un autre pronom spécialement pour cela ? Et continuer à renforcer la perversion de la langue par l’ajout d’un lexique idéologique et sexiste-féministe, par exemple, selon la mode actuelle qui pousse à féminiser tous les titres, professions, activités et substantifs neutres ? Parce qu’aujourd’hui tout devient normal, et tout ce qui était normal est devenu incertain, peut-être que nous pourrions nous habituer à l’appeler, sans le pronom il, ni elle, un bébé-ça, un bébé-on. Nous serions ainsi devant un nouveau-né artificiellement asexué par la langue.
Ou bien, cette idée d’être (et de devenir) fille ou garçon serait alors également contestable et nous devrions nier farouchement la réalité de la différence sexuelle. Dans ce cas, les enfants non-intersexes, n’étant ni filles ni garçons au départ et ne pouvant devenir rien d’autre non plus, se situeraient peut-être en dehors des sexes et seraient vraiment indéterminés, sans sexuation connue. Mais alors, pourquoi rejoindraient-ils, plus tard, à la puberté ou à l’âge adulte, la sexualité binaire ? Ils pourraient continuer, la vie entière, pourquoi pas, à n’être ni une chose ni une autre. Ils pourraient continuer à ne pas naître, à ne pas être, sans rien devenir non plus… La nouvelle version serait : « on ne naît pas femme et on ne le devient pas non plus ».
Négation idéologique de la différence sexuelle
Nous pouvons observer jusqu’où peut aller le fondamentalisme féministe, allié souvent avec les théories du genre, si nous nous penchons sur le cas de la Suède. Ce pays est non seulement l’un des plus égalitaires du monde (égalitaire, dans le sens où ils croient au mythe de l’égalité entre les sexes), mais il est aussi l’un de ceux qui veut gommer toute référence symbolique et sociale à la différence sexuelle pour parvenir à la neutralité ou à l’indétermination presque totales. Et ils commencent par modifier radicalement le lexique qui serait connoté sexuellement. Ainsi, par exemple, les Suédois estiment que les prénoms donnés aux enfants ne devraient plus être connotés sexuellement, ni même les toilettes ne devraient plus se diviser en « Dames » et « Messieurs » ! Un livre récent de Jesper Lundqvist, rempli de références neutres et indéterminées concernant les éléments, les rôles, les activités et les postures de chaque sexe, propose même la modification de l’appellation de mère et père en néologismes neutres. Ainsi, au lieu d’appeler une mère par le terme usuel « mammor » et un père « pappor », il propose, respectivement, « mappor » et «pammor »[20] !
[La suite de ce texte dans Genrisme et jouissance transidentitaire]
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