German ARCE ROSS. Paris, 2002, 2013.
Une première version de ce texte a été publiée sous le titre «Le Suicide maniaque de Victor Tausk », Cliniques méditerranéennes, 66. Eres, Ramonville Saint-Agne, 2002, pp. 155-174.
The Maniacal Suicide of Victor Tausk
In order to characterize maniacal form of suicide derivated from manic-depressive psychosis, we are especially interested in the psychopathological case of Victor Tausk, whose main elements were presented during the impassioned debate between Paul Roazen (1969) and Kurt Eissler (1983) about particular relations elaborated with Freud, as well as his triangulation with Helen Deutsch and Victor Tausk. We preced the present analysis by considering an analogy of Tausk’s case and Nathan Weiss’s suicide –an ancient Freud’s camarade. Our thesis considers that maniacal symptom of the flight of ideas and the flight of actions are dangerously inclined to suicide act.
Pour la caractérisation de la forme maniaque du suicide dans les psychoses maniaco-dépressives, nous nous intéresserons au cas psychopathologique de Victor Tausk, dont les éléments principaux sont présentés dans le débat passionné entre Paul Roazen (1969) et Kurt Eissler (1983) sur les relations particulières tissées avec Freud ainsi que sur la triangulation entre celui-ci, Helène Deutsch et Victor Tausk. Nous précéderons cette analyse par une mise en analogie du cas de Tausk avec le suicide de Nathan Weiss, un ancien camarade de Freud.
Notre thèse considère que le symptôme maniaque de la fuite des idées (et de la fuite des actions) est dangereusement orienté vers l’acte suicidaire.
Bien avant la rencontre avec Victor Tausk, Freud avait déjà été confronté au suicide d’un ses amis, le neurologue Nathan Weiss. Une lettre de Freud à Martha Bernays, du 16 septembre 1883, témoigne de la vive émotion de Freud et donne des indications sur son analyse du cas en question ainsi que sur sa position au sujet du suicide. Personnalité brillante et extrêmement agitée, se comportant comme s’il avait trop bu, donnant selon Freud l’impression du fou ou du maniaque, tourbillonnant sans répit, se montrant toujours absorbé par des choses parfois insignifiantes, mal élevé et cynique, étant capable de parler pendant des heures sans écouter l’autre, développant un grand débit du flux de la pensée aussi bien qu’un jeu astucieux des combinaisons langagières, et avançant en corrodant tout sur son passage, N. Weiss se suicide par pendaison quelques jours après le retour de son voyage de noces [1].
Comme Tausk, Weiss laissera deux lettres. L’une, à sa femme ; l’autre, à la police ; démontrant par là le caractère radicalement altruiste de sa position vis-à-vis du monde. Comme Tausk, il avait un père considéré par lui-même comme monstrueux, qui ne laissait aucune place à l’amour filial et qui régnait, solitaire, du haut de sa plus infâme tyrannie. Comme Tausk, il avait un frère qui, sans autre issue, s’était également suicidé. Mais, comme Tausk, il était le seul, ou presque, à avoir développé, quoique de façon grossière et discordante, le véritable talent du père. Comme Tausk, il attirait les regards, faisait montre d’une énorme énergie et transmettait l’impression d’une très grande joie de vivre. Mais, comme chez Tausk, ce n’étaient là que les traits les plus superficiels de l’excitation maniaque qui l’animait.
On trouvera la suite de ce texte in: La Fuite des événements. Les Angoisses altruistes dans les suicides maniaco-dépressifs.
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