Anthropologie du corps : l'image et la beauté 2/4 – Nouvelle psychopathologie et psychanalyse

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German ARCE ROSS, mai 2013.

Entretien accordé à Anna Toscano, journaliste à la télévision (M6).

La société occidentale produit aujourd’hui un traitement pervers du corps : la désincarnation généralisée du vécu, une hyper-identification imaginaire et multiple, la confusion des sexes dans une paternité et une maternité désincarnées, l’écrasement des principes symboliques au profit de l’omnipotence de la jouissance, et toutes les figures d’un désir hédoniste qui dicte une nouvelle morale et devient loi.

Nous observons que pour échapper aux multiples formes de perversion, par lesquelles se traduit aujourd’hui le mal-être du corps, les tentatives collectives passent par un traitement imaginaire et éphémère constamment changeants (canons de beauté, empire de la mode, musculation extrême, piercing, chirurgie plastique, addictions toxiques, régimes alimentaires…). Tout ceci s’exerçant en lieu et place d’une élaboration symbolique de la sexualité, de l’érotisme et de l’amour faisant cruellement défaut.

Par exemple, on cherche plus l’amour, ou les signes de l’amour, que vraiment à aimer ou à maintenir une relation amoureuse de couple ; on cherche plus à montrer les signes du bien-être qu’à vraiment construire son bonheur ; on cherche plus les signes de la mauvaise foi supposée à l’Autre qu’à construire la confiance dans la relation à l’Autre. Du coup, on perd les ressorts nécessaires pour construire un projet de vie, voire une oeuvre donnant sens à la condition humaine (selon le concept de Hanna Arendt) dans le partage, la transmission et le lien social. Et on s’enferme dans l’idéologie du narcissisme, de l’individualisme, de l’hyper-juridique, de la crise financière, de la crise politique et morale, voire dans l’empire de la méfiance collective.

En tant que représentant l’Autre du sujet, le corps est alors l’un des domaines privilégiés où se produisent les effets les plus délétères de la crise profonde du lien social.

German ARCE ROSS, mai 2013.